C’est la question que les observateurs mauritaniens ne cessent de se poser depuis quelques jours sur le sort du nouveau ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, Ismael Abdel Vettah. En effet, dans une vidéo devenue rapidement virale, on entend Ould Abdel Vettah menacer, au cours d’une visite de terrain, des responsables de projets de construction de diguettes au niveau de Dar Naïm. Un projet important quand on sait les difficultés qu’éprouvent les populations de la capitale, surtout pendant la saison des pluies. La première pluie tombée sur la ville, il y a quelques semaines, a montré combien la situation demeure périlleuse. Le ministre épingle le retard et le manque de moyens appropriés pour démarrer le projet. Très remonté, il menace de retirer tout bonnement le marché si les équipements nécessaires ne sont pas disponibilisés rapidement. Une sortie rare, nette et courageuse d’un de nos ministres qui, pour la majorité se contentent tout simplement de rendre compte de l’état des services, lors de leur visite de terrain, une fois nommé dans un département. Ils se méfient pour ne pas perdre la manne. Ould Abdel Fettah vient, par son geste, rappeler à nos entrepreneurs qu’ils doivent exécuter les chantiers conformément aux cahiers de charge et donc au délai prescrit. Bon nombre d’entre eux, parce qu’ils sont bien protégés, gagnent les marchés de complaisance, traînent les pieds, demandent des avenants avant de les exécuter, souvent avec une mauvaise qualité du travail. Les bureaux de contrôle ferment les yeux à coût de millions eux aussi. La sortie de ce ministre devrait venir de tous les autres mais surtout de celui de l’équipement et des transports dont les projets trainent toujours en longueur. Les travaux de la route Boutilimit – Aleg, d’une longueur de 100 km ont duré près de 4 ans, ceux des échangeurs de Ryad (carrefour Bamako) et de Haye Saakine (Dar Naime) peinent à s’achever. Que dira-t-on de ceux du carrefour Madrid qui ont été lancés cette année? Pour nos routes, force est de constater la mauvaise qualité des goudrons, en particulier au niveau de la voirie de Nouakchott. Ici, on voit du bitume soluble dans le l’eau, et qui ne résiste pas au poids de certaines remorques etc. Un travail perpétuel qui coûte des milliards, octroyé à des entreprises sans qualification et sans matériel. Ils se permettent de louer le matériel pour s’exécuter. Leur force ? La complaisance et la corruption. On se rappelle, il y a quelques mois, la colère du président de la République, lors d’un conseil interministériel restreint. Ould Ghazwani aurait signifié son mécontentement aux ministres dont les départements traient les pieds dans l’exécution de ses engagements. Aucune sanction n’est pourtant tombée sur leur tête. Ils sont soit envoyés dans d’autres ministères sinon maintenus à leur place. Une manière d’encourager l’impunité, non ?
La question que l’on se pose maintenant est de savoir si le ministre ira jusqu’au bout et s’il sera soutenu par le président de la République. Aura-t-il le soutien du président de la République qui doit intimer l’ordre aux autres membres du gouvernement à faire autant ?
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.