Après les élections municipales, législatives et régionales de Mai dernier qui ont rendu un verdict sans appel : déroute mémorable pour l’opposition classique et majorité confortable pour le parti du pouvoir ; on n’attendait plus que la traditionnelle présentation de la démission du Premier ministre au président de la République. Ce qui fut fait la semaine dernière. Et la formation d’un nouvel attelage : après Bilal I et Bilal II, voici maintenant Bilal III. Avec une caractéristique majeure : onze nouveaux ministres ! Un chambardement dont on avait perdu l’habitude, au moins depuis l’arrivée de Ghazwani au pouvoir en 2019. En effet, le marabout-président a toujours procédé par doses homéopathiques lors des derniers remaniements. Lors de la formation de sa première équipe, au lendemain de la présidentielle qui le porta au pouvoir, il reconduisit même plusieurs ministres de « la Décennie », pourtant loin d’être blancs comme neige. On se dit alors que la page Ould Abdel Aziz avait encore de beaux jours devant elle…
Et voilà la tendance confirmée avec ce nouveau gouvernement qui consacre le retour en force de Mokhtar ould Djay, l’âme damnée de l’ancien Président, au poste ô combien important de ministre-directeur de cabinet de Ghazwani dont il sera les yeux et les oreilles. Une sorte de Premier ministre bis qui ne reculera devant rien pour servir son maître du moment. Avant de le trahir dès que le vent tournera ? Comme il s’y employa si bien avec MOAA, en dévoilant aux enquêteurs tous les secrets qu’il avait pris soin d’amasser pour assurer ses arrières. Tapi dans l’ombre depuis près de trois ans, il fourbissait ses armes pour rebondir. Occasion lui a été offerte lors des élections qui l’ont vu diriger la campagne d’INSAF à Nouakchott. Certains croient qu’il aurait ainsi permis à ce parti de gagner toutes les mairies de la capitale. Il n’en est pourtant rien : c’est bel et bien l’opposition qui a offert Nouakchott sur un plateau d’or à l’INSAF en acceptant le principe de la proportionnelle. Et ouvrant ainsi cette ultime question : que peut apporter un homme tant décrié dans l’opinion publique et dont la fidélité n’est pas la qualité première ? Ghazwani finira bien par s’en rendre compte un jour. Prions pour lui que cela ne soit pas trop tard. Comme cela le fut pour un certain Ould Abdel Aziz…
Ahmed ould Cheikh