Si l’on compare l’État à un navire, on peut dire que les députés, les maires et les présidents des conseils régionaux sont, dans un régime démocratique, élus par les citoyens pour en assurer la direction. Ceux-là doivent maintenir le cap, assurer la prospérité du voyage et s’attendre, en cas d’échec, à être jetés par-dessus bord. Dans cet esprit, je voudrais attirer votre attention sur le fait que les citoyens et citoyennes mauritaniens ne peuvent manger, boire, travailler, acheter, vendre, posséder quoi que ce soit, ni même regarder la télévision sans sentir la présence du gouvernement, du député ou du président régional. Ils ne peuvent naître, se marier, éduquer leurs enfants, souffrir ni mourir sans que l’État n’intervienne d’une façon ou d’une autre. C’est pourquoi doivent-ils donner effet à la République à choisissant à bon escient leurs députés, maires et présidents régionaux.
Rappelons par ailleurs les conjectures qui circulaient encore, le 23 Juin 2019, quant aux possibilités d’élection de Ghazwani à la présidence de la République pour[p1] son premier mandat et de le voir en briguer un second en 2024.[p2] Prendrait-il marche en cette perspective, s’interrogeait-on, et, le cas échéant, quand ? Remporter une deuxième élection est un prodige pour certains leaders politiques. En revanche, on a remarqué combien le Premier ministre était plus combatif en matière de bonne gestion de la chose publique et déterminé à redresser la situation économique du pays.
Ould Bilal a dernièrement fait preuve d’assurance lors de ses interventions devant les députés. Le bilan de son gouvernement fait en outre l’objet de commentaires élogieux de la Communauté internationale reconnaissant l’étendue de son action et l’ampleur de ses résultats dans tous les secteurs de la vie de la Nation. Bref, l’actuel Premier ministre a réussi là où ses prédécesseurs avaient échoué ; notamment dans la lutte contre l’insécurité et la corruption, la consolidation de l’État de Droit, la poursuite du dialogue politique avec l’opposition, la concertation avec le secteur privé et les syndicats, le renforcement des relations avec les partenaires techniques et financiers...
Améliorer les conditions de vie
Toutes ces actions avaient pour but principal d’améliorer sensiblement les conditions de vie de nos concitoyens dans tous les domaines ; notamment dans ceux de l’emploi, surtout celui des jeunes ;de la sécurité, de la santé, de l’éducation, de l’eau, des logements sociaux, etc. Mais ne perdons pas de vue que beaucoup reste à faire pour améliorer encore le quotidien de nos concitoyens qui aspirent fort légitiment à mieux vivre. Il n’échappe à personne que monsieur Mohamed ould Bilal est pleinement conscient de sa responsabilité et de son obligation à produire des résultats concrets. Il ne ménage donc aucun effort pour innover dans la recherche des solutions et soutenir le rythme qu’impose l’urgence et la complexité des problèmes à régler.
Les élections sont achevées et le jeu des prédictions se porte maintenant sur leurs résultats. Une victoire écrasante de l’INSAF amènerait-elle le président Ghazwani à tenter le tout pour le tout dans l’espoir d’apposer définitivement sa marque dans l’histoire de la Mauritanie ? La probabilité d’un remaniement ministériel apparaît en tout cas très grande. Force est de constater que certains ministres du gouvernement ont démontré leur incapacité à relever les défis auxquels le pays est confronté. Ceux-là devront partir, réclament plusieurs leaders de l’opposition : et de citer en vrac les préposés aux Finances, aux Affaires étrangers, à l’Habitat, aux Pêches, à la Santé, à l’Élevage et au Commerce…
Mais j’avance plutôt l’hypothèse d’un moindre remaniement ministériel. Dans ce jeu de chaises musicales, les piliers du gouvernement comme la Défense, l’Industrie ou l’Économie devraient rester inchangés. Nous sommes enclins à voir le gouvernement comme une institution statique, un ensemble de rouages construit et mis en service depuis 1960. Cela dit, notre système démocratique adopté en 1991 n’existe véritablement qu’à la grâce des citoyens mauritaniens, et comme eux, se développe et évolue sans cesse car c’est une suite de valeurs.
La Mauritanie d’aujourd’hui n’est pas celle de 1960 et sa Constitution n’est pas restée inchangée. Celle-ci a fait l’objet d’un grand nombre de modifications qui sont toute l’œuvre des citoyens mauritaniens.
Je ne crois pas qu’il existe des solutions-miracles, dans la vie politique comme dans la vie de tous les jours, mais partis et Parlement n’en partagent pas moins un même objectif : se rapprocher toujours plus des citoyens, déterminer quels sont leurs vœux véritables et tenter d’agir en conséquence. C’est ce travail que nous avons choisi de confier à ces députés, maires et président régionaux et ils ne pourront l’accomplir, en fin de compte, sans l’aide du peuple. Quand on s’intéresse au bilan du gouvernement, quand on adopte ou exprime une opinion politique et que l’on on vote, on fait partie du gouvernement.
Ingénieur
Chef du service Études et Développement
Établissement portuaire de la Baie du Repos (Nouadhibou)