Par Sidi Ould Ahmed
Les graves incidents dont la prison centrale de Nouakchott vient d’être le théâtre, révèlent à quel point les organisations des Droits de l’homme et leurs commanditaires occidentaux, n’ont qu’une connaissance approximative des niveaux de dangerosité de certains types de prisonniers au regard des risques qu’ils font courir à la société dans son ensemble. Promptes à dénoncer les atteintes supposées aux «droits des prisonniers» et à mettre à contribution leur puissante caisse de résonance politico-médiatique en Europe et en Amérique du Nord, ces organisations poussent des Etats du sud confrontés à des périls majeurs pour eux-mêmes et pour le reste du monde, à réserver un traitement standard à des prisonniers dont l’idéologie, les comportements et les intentions n’ont rien de standard… Exiger de traiter un terroriste avéré qui a parfois le sang sur les mains et qui ne fait pas mystère de son intention de passer à l’acte à la première occasion, au même titre qu’un vulgaire voleur de pneus de vélo, relève au mieux de la plus grande des naïvetés et au pire de la mauvaise foi intégrale. Les conditions de détention de chaque prisonnier doivent être en rapport avec le niveau de dangerosité que ce prisonnier représente pour la société; certains pays occidentaux «hypersensibles» à la cause des prisonniers dès lors qu’il s’agit d’un pays fragile du sud, n’hésitent pas à pratiquer l’abominable peine de mort «at home», à ériger des prisons extrajudiciaires outremer, à détruire des pays entiers sur la seule base d’accusations fallacieuses et à punir sévèrement la moindre allusion à certains faits tragiques de l’histoire humaine moderne. Ces pays n’hésitent pas à brandir, de manière récurrente, leur «veto» contre toute décision onusienne susceptible de mettre fin à un conflit source de toutes les frustrations, de toutes les injustices, de tous les extrémismes et de tous les terrorismes. Une forme de myopie géopolitique de la part des puissants de ce monde, qui, si elle n’est pas corrigée, risque de coûter de plus en plus cher à la paix mondiale.
En Mauritanie, les ONG de Droits de l’homme sont en grande partie des porte-voix de cette myopie géopolitique; elles en tirent des dividendes en termes de participations à différents fora, de financements occultes et d’affichages médiatiques. Certains acteurs de ces ONG, imités par de vieux politiciens «amortis», vont jusqu’à bâtir une «fortune politique» sur cette allégeance assumée à la myopie occidentale, au détriment des intérêts vitaux de la société mauritanienne et de la paix mondiale. Ces ONG auront-elles l’honnêteté minimale, aujourd’hui, de réagir par rapport aux récents incidents de la prison civile de Nouakchott? C’est très peu probable, car de telles réactions ne sont pas «monnayables» auprès de leurs «bailleurs de fonds».
Face à de tels périls croisés, la seule attitude rationnelle à même de maintenir la sauvegarde de l’intérêt public en Mauritanie, consiste à enraciner davantage le cap actuel, courageusement défendu par le président Mohamed Ould Abdel Aziz depuis une demi décennie, en matières de promotion des libertés individuelles et collectives, de lutte acharnée contre tous les archaïsmes sociaux, d’adaptation de nos moyens de défense et de sécurité et de notre arsenal juridique à ces périls, de rigueur et de professionnalisme dans l’application de cet arsenal, d’exigence des donneurs de leçons de se regarder attentivement dans le miroir et de pari sur la perspicacité et l’intelligence du peuple mauritanien.