La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a enregistré et publié les listes candidates aux élections du 13 Mai prochain. Elles sont vingt-quatre à briguer les suffrages des électeurs pour les législatives nationales mixtes, vingt-cinq pour celles des femmes et vingt-quatre pour les jeunes. Cent soixante-seize au niveau national et quatre pour la diaspora. Depuis la clôture des dépôts jeudi dernier, les partis sont dans l’attente du délai de redressements. La bataille promet d’être rude.
À l’examen des publications, on note que les présidents de partis dit traditionnels se sont abstenus de conduire leur liste nationale. C’est notamment le cas de l’APP dont le chef Messaoud Boulkheïr a cédé la place au secrétaire général du parti, Ould Abdallahi. Un véritable baptême de feu pour ce jeune ainsi mis à l’épreuve. Au RFD, c’est Abderrahmane Sidina qui est coopté pour diriger la liste de l’une des formations la plus ancienne de l’opposition mauritanienne. À l’UFP, c’est le professeur Lô Gourmo Abdoul, avocat rompu aux diatribes des prétoires et aux débats politiques, qui défendra les couleurs du parti de la gauche mauritanienne. L’homme n’est pas à présenter, il a passé l’essentiel de sa vie sur l’arène politique mauritanienne. Et, comme en 2018, la coalition SAWAB-RAG a misé sur Biram Abeid, le président d’IRA-Mauritanie qui avait été élu député alors qu’il croupissait en prison. La coalition CVE-CVE/VR construite autour de l’AJD/MR s’est focalisée sur le président Ibrahima Moctar Sarr. Sarr connaît les arcanes de l’Assemblée nationale où ses interventions percutantes n’ont jamais manqué de déranger le système. L’ex-président Ould Abdel Aziz fut d’ailleurs accusé de n’avoir ménagé aucun effort pour éviter sa réélection en 2018. Comme celle, du reste, de Maalouma mint Bilal.
Côté majorité, l’UDP a sacrifié à la tradition en reconduisant à la tête de sa liste son vice-président Sanghott Ousmane, un cacique du parti. Quant à l’INSAF, on a misé sur un général à la retraite pour mener le combat. Le parti au pouvoir doit batailler dur dans la mesure où bon nombre de ses choix sont contestés. Un vote sanction brandi par les candidats recalés pourrait-il se matérialiser au soir du 13 Mai? Nul ne saurait répondre à cette question, pour le moment.
Élections ouvertes
Tawassoul, le principal parti de l’opposition mauritanienne, a porté son choix sur Ould Bala pour conduire la bataille, au lieu de son nouveau président, Hamady ould Sidi El Moctar. Cette formation qui a enregistré quelques départs depuis l’élection de Ghazwani en 2019 est très attendue. Saura-t-elle maintenir son leadership sur l’opposition ? On verra. Malgré l’opposition de l’ex-Président, Tawassoul a toujours su relever le défi et prouvé qu’il était une vraie machine électorale.
Parmi les nouvelles têtes de liste, on notera l’entrée de maître El Id Mohamed M’Bareck, député sortant, élu en 2018 sous les couleurs du RFD. Il dirige la liste de la coalition Espoir construite autour du parti FRUD de Yacoub ould Moine, président de l’AND reconduit par son parti. Comme Islah, Hivar et Karama, l’AND a réussi à présenter plusieurs listes dans les différentes circonscriptions électorales. D’autres enfin ont pu se maintenir ou revenir. C’est le cas du parti Hatem de Saleh Hanana et surtout du PRDR de Mintata Hadeïd.
Les législatives de Mai prochain s’annoncent donc très ouvertes, même si personne ne doute de la victoire, comme toujours, du parti du pouvoir – l’INSAF en l’occurrence – qui ne devrait pourtant s’en tirer que difficilement, au vu du spectacle qu’il a offert dans les choix de ses candidats. Mais la majorité présidentielle pourra compter sur la galaxie de ses composantes et se recomposer avec les nouveaux partis « émergés ». Une assemblée de néophytes et de courtiers sans ancrage ni expérience politique, à quelques exceptions près. Rappelons enfin que la CENI a publié une liste électorale provisoire de 1.785.036 électeurs, répartis entre 4729 bureaux de vote en Mauritanie et à l’étranger.
Dalay Lam