Le travail de la police entravé par le nouveau découpage du territoire juridictionnel
Depuis la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature, qui a instauré un tribunal régional en chacune des deux nouvelles wilayas de Nouakchott, plusieurs commissariats de police de la ville ne savent plus où déférer les dizaines de suspects qu’ils coffrent quotidiennement. Le procureur de la République leur explique qu’il n’est pas habilité à traiter les dossiers qui ne dépendent plus de la wilaya de Nouakchott-ouest. Mais, dépourvus de siège, les nouveaux tribunaux Nord et Sud ne sont pas encore actifs. Et les commissariats de Dar Naïm, Teyaret, Toujounine, Arafat, El Mina et Riyad de remplir leurs violons de bandits, en l’attente de la prise de fonction de ces nouveaux tribunaux.
Les placards sont donc bondés et l’on refuse du monde. La police est obligée de relâcher certains suspects, sous responsabilité de personnes de confiance. « Nous sommes découragés. On ne veut plus arrêter personne, tant que cette situation perdurera ! », affirme un agent qui requiert l’anonymat. Nous interpellons les hautes autorités du pays pour qu’ils assument, d’urgence, leur responsabilité et trouvent, au plus vite, une solution à ce problème. Va-t-on laisser les malfaiteurs croire au laisser-aller ? Auquel cas les citoyens paieraient très cher cette désorganisation et ne manqueraient d’en demander compte. Tôt ou tard.
Affaire Oulad Leblad : le Parquet fait appel pour écrouer Hamada
Le chanteur Hamada, du célèbre groupe Awlad Leblad, a été arrêté, ces jours derniers, par le commissariat spécial antidrogue. Selon le procès-verbal de déferrement, il est accusé de viol envers une jeune fille et détention de stupéfiants. Le Parquet a transmis son dossier au juge d’instruction du troisième cabinet. Mais une fois entendu et son dossier examiné, Hamada a aussitôt été relâché, faute de preuves, selon une source au Palais. Le Parquet fait alors appel et son homologue de la Cour d’appel émet, sur le champ, un mandat de dépôt pour le chanteur qui est écroué illico. Un des collègues de l’accusé déclare à la presse que Hamada est victime d’une machination qui vise tout le groupe, suite à une chanson qui ne tarit pas d’éloges envers le président de la République. Selon lui, le chanteur ne connaît ni la fille qui se dit victime, ni celui qui a prétendu, à la police, lui avoir livré de la drogue. Les prochains jours nous édifieront sur la réalité de cette affaire, wait and see.
Les fous errants, un danger public
Les services municipaux et des affaires sociales ne s’intéressent pas au nombre d’aliénés mentaux et autres débiles qui circulent dans Nouakchott. Si l’on procédait à un véritable recensement, on découvrira certainement qu’ils sont des centaines, éparpillés dans tous les quartiers. Le seul asile que constitue l’hôpital psychiatrique ne reçoit que les malades qui viennent « volontairement » se faire interner. De fait, ce sont souvent leurs proches qui les y obligent. En tout cas, aucun service public ne part à la recherche des fous errants, pour les interner, comme cela se fait partout ailleurs dans le Monde.
Dans chaque rue, on peut croiser l’un ou l’autre de ces handicapés. Certains sont facilement agressifs. On se rappelle de Fatou, cette folle victime de jalousie qui passe sa journée à errer et gifler, de temps à autre, les hommes qu’elle croise. Une autre aliénée mentale emploie la sienne à briser les vitres des voitures. Elle remplit ensuite son sac des débris pour les entreposer chez elle. Deux autres à se promènent, à poil, sous le regard des passants. Un malien qui rôdait aux environs de l’hôpital national habita, quelques années, dans des buissons près du cimetière des enfants. Il y déterrait des cadavres et en mangeait ce qu’il pouvait. Un autre fou furieux tua un gosse de deux ans, en 2005. Et les méfaits de nombre de nos délinquants, parfois meurtriers, hélas, auraient pu être évités, si l’on avait plus tôt dépisté et tenté, au moins, de soigner, leurs penchants destructeurs…
Mosy