Entretien express avec Boydiel Ould Houmeid : ‘’Comment pouvez-vous accepter qu’on déverse des milliards sur un candidat et qu’on laisse les autres ?’’

25 June, 2014 - 19:44

Le Calame : La CENI vient de publier les résultats de la présidentielle qui vous classent en troisième position. Quelle appréciation faites-vous de ce score ?

Boydiel Ould Houmeïd : Bon, comme j’ai eu à le dire, tout à l’heure, au cours de la conférence de presse, c’est un score honorable, pour une première participation à une élection présidentielle. C’est une expérience que nous avons vécue et je tiens à dire que si d’autres candidats ont eu à profiter  d’autres apports, nous, à El Wiam, nous n’avons pu compter que sur nos militants. Nous avons pris date avec l’avenir, parce que, comme j’aime à le répéter, la politique est une course de fond, pas de vitesse, d’autres échéances sont devant nous, nous allons nous y consacrer.

 

-Si l’on vous demandait ce qui n’a pas marché, pour cette première expérience, le discours, les moyens…?

-Notre discours a bien été compris par les Mauritaniens. Nous sommes le seul parti présent sur l’ensemble du territoire national. Comme vous le savez, il y a des gens qui sont trop pressés et, pour eux, il faut user d’un discours identitaire. Nous, nous n’avons pas accepté de tomber dans ce travers. Comme vous l’avez remarqué, nous avons tenu à dire la vérité au peuple mauritanien, pas à le tromper.

 

-Vous avez lancé  un appel au dialogue entre tous les es acteurs ou pôles politiques. Qu’est-ce qui motive cette initiative ?

- Si vous m’avez bien suivi, j’ai toujours dit que le dialogue politique national devait avoir lieu après les élections : je campe sur ma position, je ne change pas

.

-Et quel rôle entendez-vous jouer pour que ce dialogue ait lieu ?

-Un rôle d’acteur. Mais un acteur nanti de plus d’expérience que les autres, pour avoir participé au dialogue national de 2011 et aux deux échéances électorales de 2013 et 2014.

 

-Des ministres d’El Wiam au prochain gouvernement ?

-La question n’est pas encore posée et si l’on nous la pose, on discutera, le moment venu. En tout cas, nous sommes, à ce jour, un parti d’opposition, une opposition responsable.

 

-Et ceux qui annonçaient Boydiel à la majorité présidentielle après l’élection ?

- Ne privez pas les gens de dire ce qu’ils veulent. Comme je l’ai dit, El Wiam reste un parti d’opposition.

 

- Vous avez eu à dénoncer les financements de la campagne présidentielle. Qu’allez-vous faire, en tant que député à l’Assemblée nationale, pour réglementer cette question ?

-Nous aimerions bien mais, hélas, nous sommes minoritaires pour initier une loi. C’est justement dans le cadre d’un dialogue que l’opposition et la majorité pourront prendre l’initiative de changer cette situation. C’est le nœud de la guerre. Comment pouvez-vous accepter qu’on déverse des milliards sur  un candidat et qu’on laisse les autres ? Ce n’est pas juste ! Il faut mettre fin à cela.

 

- Vous en avez été victime ?

-Evidemment.

 

Propos recueillis par Dalay Lam