Le procès de Mohamed Abdel Aziz, ancien président de la République, devant le tribunal chargé de la lutte contre la corruption, aborde un virage décisif avec l’entame des débats sur le fond de l’affaire, à l’occasion des audiences du jeudi 06 avril et du lundi 10 avril.
Celles-ci ont été marquées par le défilé à la barre des témoins à charge, avec des révélations croustillantes, mais aussi les critiques des avocats de la défense de l’ancien chef de l’Etat, relativement aux obstacles dressés par rapport à l’exercice du contre-interrogatoire, nécessaire à l’équilibre entre les parties au procès.
Commentant les déclarations des premiers témoignages à charge, maître Lô Gourmo, avocat de l’Etat de Mauritanie, partie civile dans le dossier, estime que « le système de siphonage des biens du peuple et de ses ressources durant le règne de Mohamed Abdel Aziz commence à se dévoiler au grand jour. Des millions et des millions de dollars furent au centre d’innombrables transactions auxquelles l’ancien président de la République, Mohamed Abdel Aziz, s’est livré sans aucune retenue, parfois directement, par lui-même, en liquide. Cet argent qui coulait à flot, en ces quantités astronomiques, était très souvent libellés en devises étrangères. Un témoin révèle comment Ould Abdel Aziz lui avoir confié 1 million de dollar et les transactions commerciales douteuses qui en étaient la trame.
Plus encore, 7 milliards d’ouguiyas anciennes lui ont remis de main à main par l’ex-président ». Des témoignages « clés et emblématiques» dont les dépositions entrainent une forêt de question sur l’origine de toute cette fortune.
Echos diamétralement opposés du côté de la défense, avec maître Clédor Cyré, qui parle « de témoins curieux, répondant aux questions du tribunal, de l’accusation et de la partie civile, en refusant d’apporter des réponses au contre-interrogatoire des avocats de la défense.
Face à cette situation, on s’attendait à ce que le tribunal reprenne les questions des avocats de la défense à son compte, dans la mesure où il s’agit de témoins auditionnés sous la foi du serment. Ce qui suppose qu’ils ne sont pas venus à la barre pour refuser de répondre aux questions qui pourraient les confondre ou les discréditer » mais plutôt pour dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Cet épisode donne au procès « la forme d’une farce judiciaire, car un témoin qui comparait répond aux questions de celui qui le fait comparaître, mais aussi au contre-interrogatoire de la partie adverse.
Le témoignage n’a de sens que s’il fait l’objet d’un débat contradictoire, mais ce n’est pas le cas dans ce procès. De la même manière, les documents dont l’accusation voudrait se servir doivent faire l’objet d’un débat contradictoire. La violation de toutes ces règles nous éloigne des conditions d’un procès équitable», déplore maître Ly.
AS
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.