Insaf qui est présent partout, sur le tout le territoire national, à travers les notables et les fonctionnaires de l’Etat, va gagner les élections, par défaut, sans faire d’efforts, faute de solides adversaires devant lui.
L’opposition, qui aurait pu créer un contrepoids, a été piégée par la position conciliante d’un régime qui a fini par l’anesthésier. Aujourd’hui, elle est moribonde et peine à exister et, même, à promouvoir des candidatures aux élections, y compris dans ses bastions traditionnels.
En réalité, il faudrait se résigner à acter la fin de l’opposition traditionnelle. Deux de ses plus grandes formations historiques, le RFD et l’UFP, avaient obtenu entre 1 et 2% des voix lors des dernières élections législatives et présidentielle. Plus encore qu’une Berezina, c’était une oraison funèbre qui soulignait déjà l’impératif besoin de recomposer l’opposition et de renouveler son leadership et son discours politique.
Malgré cette déroute, les états-majors historiques, indéboulonnables et déphasés, de ces deux formations, n’avaient pas voulu reconnaître cet échec retentissant, pour laisser la place à d’autres, plus en phase avec la réalité du moment et avec les attentes des électeurs, notamment les jeunes générations. Ils continuent de barrer la route à la relève et à l’émergence d’un leadership de rechange, qui existe sans doute au sein de chaque formation de l’opposition, sans pouvoir émerger, faute d’espace politique.
Une telle obstination a fini par accélérer les défections au sein de ces deux formations qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Elle ont en effet perdu l’ambition, la foi et la combativité qui les animaient jadis, alors que leurs électeurs semblent avoir définitivement tourné leur page. Sur le terrain, elles ressemblent davantage à des coquilles vides, sans base populaire ni projet politique.
L’idéal serait donc que le RFD et l’UFP commencent par s’auto-dissoudre pour laisser la place à une nouvelle entité politique, capable de fédérer les partisans du changement, pour avoir plus de chance de peser sur le jeu politique.
Toutefois, des personnalités comme Ahmed Ould Daddah, Mohamed Ould Maouloud et Messaoud Ould Belkheir devraient continuer à jouer un rôle de premier plan, à titre de référents et d’autorités morales, susceptibles d’être consultées pour essayer de fédérer les Mauritaniens, par exemple comme membres du Conseil constitutionnel, afin que le pays puisse bénéficier de leur expérience et de leur sagesse.
En tout cas, une recomposition de l’opposition s’impose, autour d’une nouvelle entité politique, dirigée par des personnalités relativement jeunes, équilibrées, modérées, avec un discours inclusif, potentiellement plus représentatif et plus fédérateur, pour constituer une alternative crédible pour beaucoup de Mauritaniens. L’unique voie pour créer un rapport de force significatif et suffisant pour imposer le changement est de fédérer les efforts des groupes exclus ou marginalisés, ainsi que l’ensemble des groupes sociaux qui veulent le changement démocratique.
Mohamed El Mounir