À Rosso, l'agriculteur Souleymane a planté des centaines d'hectares de légumes et de fruits ; on en fait de même à Néma sur une dizaine d'hectares, nourrissant une grande partie de la ville ; ici et là, des femmes et des hommes cultivent la terre. Restaurer tous ensemble la Mauritanie tout entière, ouvrir ainsi l'horizon et notre capacité à croire en un avenir radieux ? Un tel lumineux travail nécessite d'identifier les priorités et les besoins afin de lutter efficacement contre l'extrême pauvreté et rendre espoir aux citoyens les plus défavorisés. Dans ce contexte, la menace sur le climat et les équilibres systémiques nous imposent une approche spécifique à notre pays, prenant en considération notre qualité d'humain et l'exigence démocratique.
Mon approche à cet égard peut inspirer une nouvelle méthode politique, basée sur un double retournement. Le premier consiste à partir de l'impact. Il faut d'abord définir le changement souhaité parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets pour les personnes et dans la société. Au départ, donc, définir précisément des objectifs, les activités, les indicateurs de mesure, les intérêts et les moyens d'évaluation des actions menées. Sans jamais oublier que les personnes les plus pauvres sont parfois enfermées dans un cercle vicieux : mauvaise santé, logement inadapté, solitude…
Le deuxième retournement consiste à s'ancrer dans les situations. Il n'échappe à personne que le pauvre en Mauritanie est victime de la société. Comprend-on ici que la restauration de notre Mauritanie repose en dernière analyse sur la lutte contre la pauvreté qui doit ainsi devenir une des principales priorités politiques des années à venir ?
Il reste quelques mois avant les prochaines élections. Utilisons-les pour convaincre les futurs candidats que la pauvreté est un enjeu crucial. Elle concerne, non pas une minorité, mais la société tout entière.
Pari difficile ?
Il faut par ailleurs entendre l'espérance par opposition au désespoir, fruit amer de l'impuissance à obtenir ce qu'on désire. Ainsi l'espérance est un détachement des attentes qui provoquent peurs et frustrations. Elle est confiance en ce qui peut advenir et se manifeste par une certaine énergie, une saine vitalité, un dévouement incontournable afin de donner espoir à ceux et à celles qui éprouvent le besoin, pour ne pas dire le plus que légitime droit, de vivre en dignité.
Exigence absolue, l'espérance du peuple permet de voir ce qui travaille le temps et de se projeter sur le long terme, tout en prenant garde au contexte et aux préoccupations du moment qui n'est pas une idée abstraite mais bien plutôt une nécessité impérieuse, puisque son œuvre engendre une nation forte, stable et rassurée.
Proclamant: " Faisons notre possible pour atteindre nos objectifs, c'est notre avenir et c'est déjà en partie présent ", une nation nantie d'espérance les atteindra, si le moral et le dévouement au travail répondent à l'appel. À cet égard, les effets de la croissance économique sur la plupart des pauvres peuvent être divisés en effets directs et indirects. En d'autres termes, s'il est utile de situer les pauvres comme des bénéficiaires potentiels de la croissance du pays, il convient également de les considérer en principal moteur de celle-ci.
Tout en tenant tête aux tenants de la division et du terrorisme, Il nous incombe à tous d'envoyer à cette fragilité de la société l'espoir d'un avenir meilleur qui lui garantisse une vie décente, ainsi qu'un avenir sûr et stable. La pertinence de ce combat pour l'espérance tient à ce qu'elle livre une compréhension du désespoir contemporain, une réalité comme existentielle. Et à ce qu'elle nous pousse à l'engagement. Forts d'une telle participation collective et responsabilité déterminante, nous repèrerons à coup sûr nos ressources, nos obstacles, nos moyens et opportunités sur lesquels prendre appui pour remettre notre pays sur les rails. Un pari difficile à tenir ? C'est pourtant le seul appel à lancer à nos dirigeants politiques, à nos hommes d'affaires, à la Société civile : Révolutionnons notre attitude, dépassons nos intérêts personnels et politiques, n'y contraignons plus nos objectifs ! Tournons notre regard vers l'horizon commun ! Là réside la restauration de la Mauritanie.
Pour conclure, on pourrait trouver un vice de forme dans le raisonnement : pour comprendre son désespoir et de son échec, il faut être déjà sain d'esprit, conscients de ce que nous attendons de la bonne gouvernance. Mais ce serait manquer la spécificité du renversement que nous permet le détachement: ne plus se demander ce qu'on attend de la Mauritanie mais ce que la Mauritanie peut attendre de nous.
Quoi qu'en disent certaines obscurités et extrémistes, notre combat pour restaurer un horizon d'espérance, faire face au terrorisme et instaurer un État de Droit, sera réalisé. C'est certes un travail de longue haleine. Mais faire vivre l'espérance en des années meilleures est bel et bien à notre portée.
Cheikh Ahmed ould Mohamed
Ingénieur
Chef du service Études et développement
Établissement portuaire de la Baie du repos de Nouadhibou
Responsable du bureau d'études BE MEGELC NDB