Bouclant le 10 Mars dernier sa visite en Mauritanie, monsieur Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI, a estimé que la « confluence de chocs, notamment la guerre en Ukraine et les tensions régionales, a réduit la marge de manœuvres des pouvoirs publics, alors que la Mauritanie doit encore faire face à des besoins considérables en matière de développement humain et d’infrastructures. La flambée des prix internationaux des produits de base a entraîné des pressions inflationnistes et provoqué une insécurité alimentaire ». Le déplacement de ce haut responsable faisait suite à l’approbation, le 25 Janvier 2023 par le conseil d’administration du FMI, d’accords d’une durée de 42 mois en faveur de la République islamique de Mauritanie, portant sur un montant d’environ 86,9 millions de dollars, au titre du mécanisme élargi de crédit et de la facilité élargie de crédit.
Et de souligner : « les fluctuations de ces prix ont également dégradé la position extérieure de la Mauritanie. Selon des données préliminaires, le déficit des transactions courantes a doublé pour atteindre 16,4 % du PIB en 2022, sous l’effet des pressions sur les prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie et de la baisse des cours du minerai de fer. Fin 2022, les réserves internationales sont tombées à 1,9 milliard de dollars, contre 2,3 milliards fin 2021. Une accélération de la croissance est attendue, à 5,3 % en 2022, principalement tirée par la reprise du secteur extractif. Après avoir atteint un pic de 12,7 % en Octobre 2022, l’inflation a décéléré à 10,3 % en Janvier 2023, en résultat de la politique monétaire restrictive menée par la Banque centrale de Mauritanie (BCM). […] J’ai salué le lancement du programme économique des autorités qui sera appuyé par le FMI et leur ferme engagement à le mettre en œuvre. Appuyé par des accords à environ hauteur de 87 millions de dollars, le programme de réforme économique de la Mauritanie vise à préserver la stabilité macroéconomique, à renforcer les cadres de politique budgétaire et monétaire, à consolider les bases d’une croissance durable et inclusive et à réduire la pauvreté. »
Préserver les investissements dans les infrastructures et les dépenses sociales
« Nous avons également discuté de la nécessité de préserver les investissements dans les infrastructures et les dépenses sociales, afin de parvenir à une croissance plus élevée et plus verte. Cette stratégie doit respecter une discipline budgétaire pour contenir l’endettement. Le maintien d’une politique monétaire restrictive, en étroite coordination avec l’exécution du budget, contribuera à réduire l’inflation. […] J’ai souligné l’importance d’une exécution résolue des réformes structurelles, notamment l’amélioration de la gouvernance, de la transparence, de l’environnement des affaires et de l’inclusion financière, ainsi que l’atténuation des défis liés au changement climatique. »
C’était la première visite de monsieur Kenji Okamura en Mauritanie. Il y a été reçu en audience tour à tour par le Président Mohamed ould Cheikh El Ghazwani ; le Premier ministre Mohamed ould Bilal ; puis Mohamed Lemine Dhehby, gouverneur de la Banque centrale ; Ousmane Kane, ministre des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs et Isselmou ould Mohamed M’bady, ministre des Finances. Il a également rencontré des représentants de la Société civile et du secteur privé, qualifiant ces rencontres de « hautement constructives ».
Dans le cadre des discussions avec les divers responsables gouvernementaux, il a examiné l'évolution économique récente en Mauritanie et les risques pesant sur son économie. « J’ai félicité les autorités de leur riposte résolue à la pandémie de COVID-19, qui, alliée à un soutien financier international conséquent, a placé la Mauritanie sur la voie de la reprise ». Et de saluer enfin « l’excellence et la longévité des relations entre la Mauritanie et le FMI », se réjouissant de la poursuite du partenariat dans le cadre du programme économique appuyé par le mécanisme élargi de crédit et la facilité élargie de crédit.
Synthèse Thiam Mamadou