Premier réaménagement du gouvernement d’Ould Hademine

20 January, 2015 - 23:27

Près de six mois après sa formation, le premier gouvernement du second quinquennat d’Ould Abdel Aziz a connu son premier réaménagement. Le Président a fait remplacer les ministres des Affaires  étrangères, Finances, Jeunesse et sports, et procédé à quelques permutations.

Même si des prémices de changement étaient, ces derniers temps, perceptibles, l’arrivée de la ministre de la Culture et de l’artisanat, à la tête de la diplomatie mauritanienne, et le départ de Thiam Diombar surprennent. Mint Soueïna, critiquée par la presse, lors du festival des villes anciennes à Chinguitty, hérite d’un poste stratégique, à l’heure où la Mauritanie est engagée dans la constitution de l’ensemble Sahel où les attaques des jihadistes reprennent  de plus belle. Même si la diplomatie est le domaine réservé du président de la République, la promotion de Vatma Vall laisse songeur, comme, du reste, le départ d’Ould Téguedi qui commençait à gagner quelques galons. Son ministre délégué, Hindou mint Aïnina a, quant à elle, hérité du portefeuille de l’ancienne ministre de la Culture. Une promotion, pour cette ancienne journaliste du Calame, nourrie de la sève syndicale et formée, aussi, à l’école d’Iguidi.

Le premier réaménagement a également emporté Thiam Diombar qui avait fait l’objet, il y a quelque temps, d’une forte cabale, par l’intermédiaire de la presse. Rien, a priori, ne présageait de son départ précipité. A-t-il été sacrifié ? Aurait-il commis quelque bourde, comme le croient certains, lors des discussions en commissions sur le budget ? Ou aurait-il demandé son quitus, suite aux différents scandales qui ont secoué le Trésor, comme le prétendent d’autres ? Toujours est-il que l’homme jouissait de la confiance du Palais et avait été chargé, par l’UPR, de piloter la commission de désignation des candidats aux sénatoriales. Diombar est remplacé par Moctar ould Diay, jusque-là directeur des impôts, et jouit, lui aussi, de la confiance du Raïs. L’homme est crédité d’un bon bilan à la direction des impôts où il a abattu un remarquable travail de collecte qui a permis aux recettes fiscales de battre des records. Mais à quel prix ? Sa promotion était dans l’air, depuis quelque temps.

Mohamed Salem Ould Béchir hérite du poste stratégique de ministre du Pétrole, des mines et de l’énergie. Il permute avec Mohamed ould Khouna dont le bilan est pourtant loin d’être satisfaisant. Nombre d’observateurs avaient dénoncé la mauvaise organisation des Mauritanides 2014 et la situation, morose, du secteur des industries extractives, avec le retrait de certaines multinationales de Mauritanie, ne plaidait pas en sa faveur. Ould Béchir connaît le secteur et semble bénéficier du soutien du Président qui le maintient donc au gouvernement, en dépit des graves accusations de corruption portées contre lui et étalées dans la presse, quand il dirigeait la SOMELEC.

Le réaménagement du gouvernement est marqué par l’arrivée de madame Bâ Coumba à la Jeunesse et aux sports. L’imminence du  départ de la précédente locataire n’était qu’un secret de Polichinelle, tellement la dame manquait de poigne et se laissait déborder sur tous les fronts. Halimata Sao n’a pas su s’opposer au retrait, par Mint Soueïna, de sa tutelle sur les maisons de jeunes. Ceux qui avaient contribué à la bombarder ministre, à son âge, ne lui ont pas rendu service ; pire, ils l’ont sacrifiée.

Coumba Bâ connaît bien, contrairement à son prédécesseur, les arcanes gouvernementaux, pour avoir été ministre après le coup d’état d’août 2008, puis chargée de mission à la Présidence depuis pas mal de temps. Depuis que son nom a été cité, lors du fameux Ghanagate, certains de détracteurs lui reprochent de s’occuper des « affaires occultes » du pouvoir. On note, enfin, l’entrée dans le gouvernement de madame Khadijettou M’Bareck Fall qui remplace Mint Aïnina, à la tête des Affaires maghrébines, africaines et des Mauritaniens de l’extérieur.

Donné plusieurs fois partant par la rumeur, Bâ Ousmane, dont la tête a été mise à prix par les lobbies, jaloux de leurs privilèges, qui écument le département, se maintient au gouvernement. Il est en train de donner un coup de pied dans la fourmilière, ce qui n’est pas toujours sans risque. Pour mener à bien cette mission impossible, il aura besoin du soutien sans faille du président de la République et d’une bonne carapace.

 

DL