Le puzzle des prochaines élections locales se construit petit-à-petit. Après la mise en place de la CENI, la publication de son chronogramme et le Recensement à vocation électorale (RAVEL), voilà que le gouvernement vient d’adopter, lors de son dernier conseil des ministres, un décret portant convocation du corps électoral pour les législatives, les municipales et les régionales fixées au 13 Mai 2023, conformément au chronogramme proposé par la CENI, il y a déjà quelques semaines. Suivant toujours le calendrier de la CENI, le décret fixe également la date de dépôt et d’expiration des candidatures.
Intervenant au cours d’un point de presse hebdomadaire du gouvernement, le ministre de l’Intérieur a indiqué que les candidats sont priés de présenter à l’administration locale leur calendrier d’activités et lieux ciblés, afin que leur soient délivrées les autorisations idoines et d’assurer le bon déroulement des meetings et autres sorties politiques. Les candidatures seront reçues durent dix jours à partir du 14 Mars. À déposer auprès de la représentation locale de la CENI, chaque dossier se compose d’une carte nationale d’identité, d’un certificat de résidence, un reçu d’exonération de taxes, une attestation de casier judiciaire vierge et d’un paiement de 5000 MRU au Trésor public. Après le dépôt, les candidats reçoivent un récépissé provisoire avant de se voir délivrer un récépissé définitif au bout de dix jours. Vingt-cinq partis politiques sont susceptibles de briguer les suffrages dans deux cent trente-huit communes et quinze conseils régionaux ouvrant l’ensemble du territoire national, pour environ quatre-mille cinq cents conseillers régionaux et municipaux.
Pas de report
La décision du ministère de l’Intérieur intervient en pleine précampagne électorale et vient écarter toute hypothèse d’un report des élections comme le recommandaient certains partis politiques, notamment l’UFP, la Coalition ESPOIR et la CVE, estimant que les conditions d’un scrutin crédible, serein et inclusif n’étaient pas réunies. Tous réclamaient un dialogue politique pour débattre plutôt des questions nationales. Selon eux, la Mauritanie traverse une sérieuse crise que les élections ne peuvent pas à elles seules résoudre. Pour Bâ Mamadou Alassane et le président Sarr Ibrahima, celles-ci ne sont pas la clef de nos problèmes, il faut avoir le courage de parler de la cohabitation et du vivre ensemble ; en somme, de l’unité nationale. Chose que le gouvernement et certains partis politiques du pouvoir et de l’opposition ne semblent pas vouloir entendre. Sinon pourquoi ont-ils tous accouru quand le ministère de l’Intérieur les convia à des concertations pour préparer les élections locales ? On se rappelle également qu’après moult tractations, l’opposition n’avait pas réussi à s’entendre sur la question du dialogue dont le lancement paraissait pourtant imminent et elle n’a rien pu faire quand le gouvernement décida de mettre fin unilatéralement à ces préparatifs qui s’éternisaient.
Aujourd’hui, l’opposition – ou ce qu’il en reste – se débat pour faire bonne figure aux élections. Certains de ses partis ont réussi à mettre sur pied des alliances électorales et à désigner ses candidats. D’autres sont à la recherche des leurs. Sauront-ils tirer leur épingle du jeu ou l’opposition continuera-t-elle à se réduire comme peau de chagrin ? Sa faiblesse, voire sa disparition, constituerait un sérieux revers pour la démocratie mauritanienne… ou ce qui en tient lieu. De son côté, le principal parti de la majorité présidentielle – l’INSAF – et certains de cette galaxie semblent vouloir retarder au maximum la désignation de leurs postulants, cherchant ainsi à éviter des départs des délaissés vers d’autres formations politiques. La transhumance n’a pas disparu de nos cieux…Signalons enfin que selon la CENI, le nombre d’électeurs inscrits sur la liste électorale s’élevait, le vendredi 17 Février 2023, à un million cinq mille neuf cent quarante-neuf (1.005.949) ; presque un quart, donc, de la population totale estimée à 4,5 millions d’habitants.
Dalay Lam