Le journaliste algérien, Ihsane El-Kadi, arrêté dans la nuit du 24 décembre 2022, et placé en garde à vue, pourra désormais compter sur un Collectif international d’avocats pour sa défense.
Composé d’avocats du Maroc, de Tunisie, de Mauritanie, de Belgique et France, le collectif demande ni plus ni moins, la libération immédiate du journaliste et le levée des scellés des médias édités par l’agence Interface Médias, à savoir Radio M et Maghreb Émergent, « qui pénalisent plus d’une trentaine de salariés et leurs familles ».
Se disant déterminés à défendre Ihsane El Kadi, « aux côtés de nos consœurs et confrères algériens, devant les tribunaux d’Algérie et les instances internationales », les avocats du collectif lancent également un « appel à toutes les organisations internationales des droits humains, à la société civile et aux avocats afin qu’ils soutiennent et demandent la libération sans condition d’Ihsane El Kadi et toutes les victimes de l’autoritarisme ».
Et de rappeler que Ihsane El Kadi est maintenu en détention depuis son arrestation en décembre, accusé en cela par la sécurité intérieure « de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’État et sa stabilité ».
« À l’issue de cinq jours de garde à vue, et bien qu’il présente toutes les garanties nécessaires, il a été placé en détention provisoire le 29 décembre 2022 à la prison d’El Harrach, à Alger », souligne également le collectif, qui fait noter que « le 15 janvier 2023, la Chambre d’accusation près la cour d’Alger a rejeté la demande de libération d’Ihsane El Kadi introduite par ses avocats, à l’insu de ces derniers, qui n’ont pas été informés de la date d’audience, et ce, en violation du Code de procédure pénale algérien et des normes, internes et internationales, relatives au droit à un procès équitable ».
A noter qu’El Kadi est poursuivi en vertu des articles 95, 95 bis et 96 du Code pénal relatifs à la « réception de fonds d’une source étrangère à des fins de propagande politique », à la « réception de fonds et d’avantages d’organismes et de personnes de l’intérieur du pays et de l’étranger dans l’intention de commettre des actes susceptibles d’attenter à la sécurité et à la stabilité de l’État, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale » et à la « publication au grand public de contenus de nature à nuire à l’intérêt national et collecte de dons sans autorisation ».
Sa défense soutient à cet égard que « ces poursuites constituent la quatrième affaire visant le journaliste Ihsane El Kadi ces deux dernières années ».
« Outre qu’il est présumé innocent et qu’il doit bénéficier de toutes les garanties du procès équitable, prévues dans les textes internes et les conventions internationales, a fortiori en sa qualité de journaliste, la détention provisoire n’est aucunement justifiée dans son cas, lequel dispose, au surplus, de toutes les garanties de représentation nécessaires », estime encore le collectif.
A noter que la partie marocaine est représentée par Me Souad Brahma, avocate au barreau de Casablanca, défenseure de plusieurs détenus d’opinion et du Hirak du Rif, Me Abderrahim Jamaï, avocat au barreau de Rabat, ancien bâtonnier, membre du collectif d’avocats en défense des détenus du Hirak du Rif, et Me Mohamed Sadkou, avocat au barreau de Rabat et défenseur de détenus d’opinion.