La scène politique, à la veille des élections législatives, régionales et municipales, est caractérisée par la persistance et l’accélération de facteurs de risques graves sur la stabilité et la paix, due en grande partie à la crise politique, économique et sociale qui perdure depuis des années, dans un contexte mondial et régional particulièrement instable et dangereux. Le syndrome malien et burkinabé a de quoi préoccuper aujourd’hui tous les pays du Sahel.
Durant la décennie de la gabegie, la scène politique était divisée en deux grands camps opposés : celui d’un régime autoritaire, anti-démocratique et profondément corrompu et celui d’une opposition démocratique, à composition multiple, unie par une volonté farouche de défendre l’unité nationale et la cohésion sociale, mais une opposition de plus en plus fragmentée. Cette situation a évolué depuis l’accession au pouvoir du Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
L’acceptation par la majorité parlementaire de la proposition de l’opposition de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion des comptes publics de la décennie écoulée et la mise en œuvre d’une approche de concertation entre les deux camps sur d’autres sujets, comme la Covid 19, vont confirmer la justesse de la politique d’apaisement du Président de la République et de l’opposition démocratique, malgré certaines faiblesses et inconséquences.
Ce nouveau climat politique et social rendra possible l’adoption d’une feuille de route pour un dialogue national inclusif, n’excluant personne et abordant, sans tabous, tous les thèmes. Des blocages venant tant de certains milieux de la majorité que de l’opposition vont donner prétexte à l’abandon de ce dialogue, constituant ainsi le plus grave échec du pari fait sur un nouveau départ démocratique consensuel du pays. Cependant, face à la nécessité de poursuivre une certaine concertation entre les différentes forces politiques du pays, le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation a invité les partis pour s’entendre sur l’organisation consensuelle d’élections crédibles.
Alors que la classe politique, dans sa grande majorité, cherchait à approfondir et à renforcer le climat d’apaisement pour aboutir à des reformes consensuelles, certains milieux, extérieurs à l'opposition, ont manœuvré pour créer une nouvelle polarisation politique, articulée autour de l'alternative entre le choix de la confrontation et du retour à la décennie de braises et son bilan catastrophique et le choix du changement pacifique dans un climat apaisé.
Cette polarisation a revêtu la forme de tentatives de mise en place d’alliances politiques et électorales qui divisent l’opposition.
La persistance de la crise économique et sociale, en particulier la détérioration des conditions de vie de nos populations (hausse des prix, chômage…), les errements et l’impasse de la gouvernance et les frustrations qui en résultent au sein des couches populaires et des communautés nationales, qui expriment leur mécontentement face à la marginalisation et à l'exclusion, crée un contexte propice à toutes les dérives et aux manipulation des aventuriers politiques et renforce les dangers qui guettent le pays, notamment sa stabilité, voire son existence même, compte tenu de notre environnement régional chaotique dont les métastases ne manqueront pas de peser, très lourdement, sur notre avenir immédiat.
D’ores et déjà, le paysage politique est marqué par cette ligne de fracture profonde et dangereuse. Dangereuse aussi serait l’organisation d’élections dans ce climat délétère.
Au vu de cette situation d’ensemble, de ses principales caractéristiques, de l’état réel des forces en présence et des intérêts fondamentaux de notre pays, nous, Partis de la Coalition des Forces du Changement Démocratique, profondément convaincus que sans des réformes dans l'intérêt du citoyen et du pays, point de stabilité et sans stabilité, point de réformes possibles, que sans campagne apaisée, point de résultats électoraux acceptables, lançons un appel au Peuple mauritanien, et en particulier à toutes les forces politiques patriotiques, de tous les bords, pour anticiper sur les menaces qui pèsent sur notre pays, dépasser nos contradictions secondaires et nous engager dans la voie salutaire d’une large entente nationale, quelle qu’en soit la forme, seule à même de nous permettre de faire face aux dangers qui nous guettent. La situation d’ensemble requiert de nous la lucidité et l’audace d’aller de l’avant dans la concorde, l’unité nationale, la cohésion sociale et la démocratie.
Nouakchott, le 27 Joumada Al Oula 1444 - 21 Décembre 2022
Les Partis de la Coalition des Forces du Changement Démocratique
- Rassemblement des Forces Démocratiques
- Union des Forces du Progrès
- Union Nationale pour l’Alternance Démocratique (UNAD)