Il ya un peu plus d'un mois, se déroulait au nouveau marché Capitale un casse digne de la pègre. Arrivé au matin au seuil de sa boutique, un commerçant constatait que la porte de celle-ci était entrouverte. Une fois entré, il découvrait que son coffre-fort avait été forcé et que 80 millions MRO avaient disparu. Les caméras de surveillance de l’entrée du marché n'avaient filmé cette nuit-là aucune personne y entrant ou en sortant. Les vigiles en faction tout autour n'avaient eux non plus rien remarqué de suspect. Informée, la police se retrouvait devant un vrai casse-tête.
La difficile enquête
Dépêchés pour la circonstance, les éléments de recherche du commissariat de police Tevragh Zeïna 1 ouvraient une enquête pour essayer d'élucider l’énigme. Et de tourner en rond deux semaines durant sans parvenir à résoudre le puzzle, recourant en vain aux vieilles méthodes d'investigations. Toutes les rafles de malfaiteurs en liberté ne débouchaient sur le moindre début de piste.
Finalement, les trois DRS des wilayas de Nouakchott décidaient de reprendre conjointement l’enquête, avec l’appui de la fameuse BRB. Tous conscients que cette opération ne pouvait avoir été exécutée que par des professionnels, les limiers se répartirent en petits groupes à l'intérieur même du marché, y circulant plusieurs jours en tenue civile, criblant toutes les boutiques et étalages, interrogeant de façon indirecte tout boutiquier, marchand ou colporteur. Et les voilà à repérer des boutiques fermées. Une d’entre elles a été louée une semaine avant le cambriolage et se trouve justement à proximité de la boutique braquée ! Ses locataires sont deux jeunes hommes inconnus qui se prétendaient vendeurs de chaussures en attente d’une imminente cargaison de marchandises…
Et l’on apprend bientôt que les deux suspects n'ont plus été revus depuis le vol ! L’étau se resserre… L’un des lascars finit par être identifié : un certain Bekay qui se retrouve cueilli deux jours plus tard à son domicile, au quartier Lemgheïty de Dar Naïm. Il informe les enquêteurs que son présumé complice vient de quitter Nouakchott. Les postes de gendarmerie sur l'axe Nouakchott-Aleg sont immédiatement alertés. Et voilà le second bandit récupéré le soir à bord d'un bus de transport en commun puis reconduit vers Nouakchott pour le remettre à la police.
Les aveux
Au cours de leur interrogatoire, les deux suspects qui n'ont pas d'antécédents judiciaires reconnaissent avoir organisé et exécuté le vol. Ils avaient passé plusieurs jours à le planifier dans la boutique qu'ils avaient louée, y entreposant tout le matériel nécessaire à l'opération, de manière très discrète pour ne pas attirer l'attention. Le jour J, ils se sont enfermés vers 18 h dans leur magasin et ont attendu 3 h du matin pour exécuter leur besogne. Ayant mis la main sur le magot, ils ont divisé l'argent entre trois sacs de plastique puis se sont enfermés dans la petite boutique avant d’ouvrir celle-ci au petit matin, comme si de rien n'était. Voilà le vol constaté ! Nos deux lascars accourent avec les badauds pour demander de quoi s'agit-il…
Petit détail significatif de leur attention à ne pas se faire remarquer, ils avaient, les jours précédant le casse, pris la précaution de venir le matin avec les fameux sacs remplis de papiers et de les ramener chez eux le soir. Une façon d'habituer les gens du marché à les voir ainsi chargés. Et de quitter séparément la boutique, le moment venu, avec chacun un sac contenant, cette fois, plusieurs millions, alors que le marché grouillait de monde ! En trois jours, ils ont ainsi pu déplacer tout le magot. El Bekay, le cerveau de l’affaire, comptait partir à Kobenni à la frontière pour y blanchir l’argent, en faisant semblant de s'enrichir dans le commerce transfrontalier. Il avait sur lui la bagatelle de 75 millions MRO. Son complice Abdallahi n'avait, lui, obtenu que 5 millions MRO.
C’est le visage cagoulé que les deux suspects ont été amenés au marché par la police, le samedi 3 Décembre, pour la reconstitution du délit, sous les yeux d'une nombreuse foule de badauds, avant de se retrouver déférés et écroués.
Mosy