A l’occasion de la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, SOS Esclaves Mauritanie tient à saluer l’engagement, depuis 1995, de ses adhérents et sympathisants, pionniers d’une entreprise encore en état d’inachèvement. Malgré des avancées législatives dès 2005, année de la levée de son interdiction, l’organisation non-gouvernementale continue à déplorer, entres autres obstacles, le faible niveau d’application des lois, le déficit de prise en charge psychologique des victimes et l’absence d’un fonds d’indemnisation, à la gestion duquel devraient participer les contributeurs étrangers. Un tel dispositif de secours d’urgence pourrait s’alimenter des recettes minières, d’hydrocarbures et des ports autonomes de Nouakchott et Nouadhibou, domaines où les descendants d’esclaves constituent l’essentiel de la main d’œuvre. Aussi, SOS Esclaves poursuit-elle ses efforts,afin obtenirdavantage d’inclusion en matière d’éducation de qualité et de santé rurale, d’enrôlement à l’état-civil et de facilité d’accès aux services universels de base. Les disparités de revenu héritées du passé et la prédominance du travail indécent se reproduisent toujours, au détriment de la même catégorie de la population, un peu comme une malédiction, sans cesse léguée et renouvelée. Sur le plan du symbole, il convient de le souligner à l’adresse du public profane, la journée nationale de lutte contre l’esclavage – en date du 6 mars, ne bénéficie, jusqu’ici, de la notoriété requise. Le sommet de l’Etat ne s’y implique suffisamment et la couverture, à l’intérieur du pays, demeure résiduelle.
L’évènement nous offre l’opportunité de remercier, avec force et loyauté, l’ensemble des partenaires non-mauritaniens, en premier les instances et personnalités amies, dont l’abnégation et la constance ont apporté, à notre cause, la caution de la solidarité internationale, à une époque où la répression avait failli la réduire au silence. Sos Esclaves réitère, ici, son attachement au devoir d’ingérence et à l’universalisme, les meilleurs alliés des justes, quand la relativité culturelle, l’aveuglement et l’hubris du pouvoir se dressent en travers du noble désir de justice ou tendent à le brider.
Enfin, SOS Esclaves se réjouit de sa collaboration avec les autorités de la République islamique de Mauritanie, notamment la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh) et le Commissariat en charge des problématiques éponymes. En revanche, l’association constate la léthargie du Mécanisme national de prévention de la torture (Mnp), lequel tarde, ainsi, à remplir sa mission.
Nouakchott, le 2 décembre 2022
Le Bureau exécutif