Dois-je me permettre de juger, en si peu de temps une excellence sous l'autorité de laquelle j'ai pu exercer à la délégation mauritanienne de l'Unesco, ici à Paris? Au-delà des frasques, des calomnies, des injonctions avérées ou supposées diffamatoires ayant ruisselé sur le corps enfin meurtri d'une personnalité aussi singulière de la trempe de Cheikhna Ould Nenni, j'avoue que vouloir s'adonner à une notation de cette éminence à l'intelligence très étendue, et difficilement déchiffrable, serait un exercice très délicat, en somme périlleux. Tant il est dit que la chance sourit aux audacieux, alors je vais essayer cet exercice, puisque j'ai vécu moi-même un précédent découlant cette fois d'un grand subordonné de la République qui a eu la prétention de vouloir donner une note d'appréciation à son chef. C'était au début des années "90", au sortir des douloureux événements, au moment où le colonel Sid’Ahmed Ould Boilil, cédait le commandement de la 1ére Région Militaire de Nouadhibou au colonel Salem Ould Memou. Lors d'une des visites d'inspection du colonel Salem au PK 55, il a décidé, à la vue d'un mouton gras attaché pour alimenter la troupe, de passer la journée dans ma batterie d'Artillerie, dont les canons étaient pointés sur les unités avancées marocaines de l'autre côté du mur de défense. Aussi, après l'inévitable tagine, le colonel a entamé les palabres avec l'enthousiasme dont il a seul le secret : "mon lieutenant, le colonel chef d'Etat-Major Ahmed Ould Minnih (yarahmou) m'a noté..., ah si c'était moi qui devrais noter Ould Minnih"...
Et moi, ai-je la latitude de pouvoir apprécier l'ambassadeur Cheikna Ould Nenni ? J'ai toujours entendu parler d’Ould Nenni depuis la fin des années "80" sans jamais le rencontrer physiquement, parce que nos chemins étaient tout simplement divergents. J'avoue que l'idée que j'avais de lui, avant de le rencontrer était synonyme d'un personnage imaginaire, entretenu par l'inconscient collectif des mauritaniens, surtout les mamans mauresques quand elles veulent effrayer leurs enfants par l'épouvantail du fameux "Gougouh". Or, j'avais oublié un instant que l'opinion pense mal, d'ailleurs qu'"elle ne pense pas" selon l'expression appropriée du grand épistémologue Gaston Bachelard. En effet, l'opinion s'interdit de connaître souvent la vérité, en diffusant des informations malveillantes ou pro domo. En définitive l'opinion peut se tromper même sur Cheikhna Ould Nenni Ould MoulayeZeine, tout en prenant en compte, cependant, le vieil adage qui dit qu'il n'y a pas de fumée sans feu.
A/ Cheikhna Ould Nenni ambassadeur extraordinaire:
Je me suis toujours abstenu d'évoquer ou d'écrire sur la vie professionnelle d’Ould Nenni, le peu de temps qu'il a passé avec moi à l'Unesco. Et pourtant il aime qu'on mette en exergue toutes ses réalisations. Normal, pour quelqu'un qui connaît le pouvoir de la presse sur la société. Il me l'a même demandé par téléphone lors de l'une de ses sorties dans la vallée. J'ai refusé, car personne ne peut m'obliger à écrire pour vanter ses qualités ou faire ses louanges au risque de me confondre. Je suis un homme libre, et j'exerce mon libre-arbitre quand je veux car cela engage ma crédibilité. Maintenant que Cheikhna n'est plus mon chef, la déontologie peut cette fois me pousser à rapporter ce que j'ai vu, vécu avec lui.
Je sais une seule chose, c'est que le travail pour la bonne cause fait par son excellence, l'ambassadeur Cheikhna Ould Nenni Ould Moulaye Zeine en moins de deux ans (période covid y comprise) à la délégation mauritanienne, n'a jamais été exécuté en soixante ans. A l'Unesco et de par ses initiatives, la Mauritanie était de retour à tous les paliers du concert des Nations qui composent cette organisation mondiale qui s'occupe de l'éducation, de la science et de la culture. Cheikhna est un homme de relation, un communicant malin, un travailleur malgré son état de santé. Il a su coupler en un temps record la notion d'ergonomie aux ressources humaines, pour mieux les adapter au contrat d'objectif qu'il s'est fixé. Ainsi, il ne faisait pas de distinction entre son personnel diplomatique (sic) et le personnel local, véritable fer de lance de toutes ses initiatives salvatrices. Cheikhna Ould Nenni pour le peu de temps que j'ai passé sous ses ordres est un commis de l'Etat, qui, paraît-il laisse des traces indélébiles bénéfiques partout où il a pris fonction; par exemple au Niger et au Sénégal. Sous son autorité, en fin d'année 2021, le personnel local (cadre d'appui comme moi, chauffeurs, secrétaires etc..) a perçu pour la première fois 2900 euros chacun de primes. Cette année 2022, les diplomates de l'Unesco ont déjà touché chacun 20 000 euros destinés aux quittances des loyers. Noble initiative quand on sait que la question du logement en Europe est un véritable calvaire pour les diplomates d'abord ainsi que le personnel local. Il parait que c'est une mesure générale accordée par le ministre des Affaires Etrangères à toutes les chancelleries mauritaniennes en Europe et en Amérique du Nord. Est-ce un hasard ou une chance pour Cheikhna Ould Nenni que d'être là pour que les diplomates perçoivent cette rondelette somme?
B/ Le phénix de l'Adrar:
Les Grecs ont importé de l'Egypte pharaonique la notion d'opiniâtreté, ou d'endurance, symbolisée par un grand oiseau qui en mourant renaît de ses cendres, à savoir le phénix.
Il parait que le départ de l'ambassadeur Cheikhna Ould Nenni, n'est qu'un amuse-gueule par rapport aux nombreux écueils qu'il a dû surmonter tout au long de sa carrière. A chaque fois, il a pu se relever, prendre son nouvel envol comme la chouette de Minerve. La baraka seule ne peut pas déterminer ce constat. Cet homme est sans doute d'une intelligence vive, d'un esprit pénétrant à pouvoir rebondir à chaque fois qu'il a un genou à terre.
Il va falloir compter avec Cheikhna Ould Nenni car l'homme que moi j'ai vu à la manœuvre peut encore jouer et gagner mais également faire gagner. Si j'étais le pouvoir public, je lui aurais proposé la mairie de Nouakchott. Je suis sûr d'une chose : que la ville de Nouakchott s'invitera au diapason de la modernité, la lutte contre l'insalubrité sera menée et gagnée sans bruit. Nouakchott aura un nouveau visage où l'état-civil, les crèches pour la petite enfance, les écoles primaires, les collèges, les lycées, les transports urbains, les allocations familiales (Taazour), la vie associative etc.. seront confiés au maire afin de les hisser au niveau des normes des pays limitrophes, tout au moins. Cheikhna Ould Nenni perd son temps en voulant faire de la politique, c'est plutôt un bon commis de l'Etat, pragmatique, avec une main de maître. /.
Ely Ould Krombelé
France