M. Bâ Bocar Soulé vient d’entrer au comité des sages de la CENI, comme vice-président. Avec ses collègues, il a prêté serment, lundi soir. Cette entrée à la commission électorale nationale indépendante de ce dinosaure politique du département de M’Bagne vient comme pour sonner sa retraite politique locale mais aussi nationale.
Lors d’une visite d’information des cadres du département de M’Bagne au président de l’UPR de l’époque, Ould Mohamed Lemine, en réponse à l’exposé de Bocar Soulé, alors membre du Conseil National du parti, ce dernier affirmait que l’homme a une dimension nationale, pas seulement départementale, « il appartient à toute la Mauritanie », nous confiait-il. Le président de l’UPR a raison. Bocar Soulé, alias Satigui qu’on l’aime ou pas est un homme d’envergure nationale. Il connaît la Mauritanie et toutes ses communautés, ses tribus, leurs alliances, les acteurs politiques... Ceux qui fréquentent sa maison et son salon peuvent l’attester. Les portes de maison sont largement ouvertes. Chez lui, vous trouverez toujours toutes les composantes du pays, négro-africains et maures. Car l’homme est une école ; près de lui, on apprend beaucoup de choses de ce pays. Aussi passe-t-il une large partie de son quotidien à régler les problèmes de ses compatriotes, sans distinction aucune : état-civil, emploi, problème administratif, problème de justice, problèmes sociaux. Devant son domicile, vous trouvez toujours de pauvres femmes venues solliciter sa générosité.
Au plan politique, Bocar reste incontournable, non seulement dans son département mais également au sein de la communauté négro-africaine proche du pouvoir. Lors de la dernière présidentielle, il a été le porte-parole du groupe des cadres négro-mauritaniens ayant apporté leur soutien au candidat Ghazwani. A cette occasion, les doléances que le groupe avait formulées, sous sa houlette ne différaient que de très peu de celles du candidat de la coalition vivre ensemble, feu Kane Hamidou Bâ. Il ne cesse de prôner l’unité des rangs et la tolérance. Les autorités mesurent son influence. Cette envergure, il la tire de chez lui où il a fini de conquérir tous les postes électifs maire, député, maire.... Il se plaisait, depuis les dernières élections de 2018, à répéter qu’il n’a plus besoin de poste électif, aux jeunes de prendre la relève. Son arrivée à la CENI aujourd’hui vient consacrer ce souhait. L’homme s’est longtemps battu contre la marginalisation des cadres du département de M’Bagne. A chaque remaniement ministériel, il se morfond et se demande quel crime de lèse majesté, ce département a commis pour être oublié des pouvoirs publics.
Néanmoins, en dépit de l’absence de la promotion de ses cadres, M’Bagne a toujours joué son rôle dans les compétitions électorales en faveur du parti au pouvoir. Tenez, en 2013, l’homme a réussi à imposer au parti au pouvoir, le maire de la commune de M’Bagne ; il était en froid avec l’UPR et disposait de la majorité des membres au conseil municipal. Le parti le réhabilita dans la foulée. Un des généraux du HCE, au pouvoir à l’époque nous avouait en privé qu’on ne pouvait pas se passer de Bocar à M’Bagne, c’est un vrai animal politique.
La question que tous les cadres, les notables et habitants du département se posent, à quelques mois des prochaines échéances locales, est de savoir qui pourra assurer la relève pour le parti au pouvoir puisqu’une fonction à la CENI est incompatible avec la politique. Les cartes seront-elles rebattues ? Avec cette retraite politique, les cadres du département sauront-ils relever le défi ? Autant de questions qui taraudent les cadres de M’Bagne. Certains expriment déjà leur appréhension sur l’avenir politique du parti au pouvoir dans le département.
Rappelons qu’il y a quelques temps, ce membre du conseil national du parti INSAF a entamé le processus de ralliement des cadres de l’UDP et de Sursaut à INSAF du département à son parti. Il justifiait son action par le souci d’éviter, à chaque scrutin, des querelles entre les partis de la majorité présidentielle. Pourra-t-il parachever cette opération alors qu’il est installé à la CENI ? wait and see.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.