En préambule, je dirai que les conditions actuelles d’exploitation du port de pêche artisanale de Nouadhibou ne permettent pas d’écouler dans de bonnes conditions le trafic qui y transite. Les infrastructures du port sont, dans leur ensemble, assez dégradées pour diverses raisons :importance des chocs d’accostage, corrosion de certaines parties des bétons et des aciers, défaut d’entretien des quais, manque de responsabilité, corruption absolue, népotisme, détournement des fonds… Cependant certaines de ces dégradations ne nécessitent pas encore de mesures d’urgence. Faut-il pour autant attendre celle-ci ?
Différer une décision à l’égard de ces quais s’expliquerait ici par une réflexion sur l’organisation portuaire qui pourrait justifier, à court ou moyen terme, leur abandon ou leur disparition au profit de nouveaux quais, la réparation des anciens constituant en ce cas un investissement inutile ou inadapté. Dans le cas contraire, des travaux de sauvegarde sont indispensables car l’état de dégradation des installations actuelles ne permet plus d’accepter un risque qui peut entraîner non seulement la ruine totale ou partielle des quais d’accostage mais, plus grave, un danger pour les personnes et les matériels concernés par l’exploitation de ces quais.
Face à cette situation irresponsable et inadmissible, je m’engagerais, si j’étais directeur général du port de pêche artisanale de Nouadhibou, à rétablir les profondeurs des quais, en dégageant celles-ci des débris et épaves de toutes sortes qui s’y sont accumulés ; reconstruire des dispositifs d’accostage et d’amarrage dont la disparition progressive est un facteur d’aggravation de la dégradation continue à laquelle sont soumis tous les quais du port ; et établir des listes précises des quais d’accostage dont la réparation est indispensable et urgente, en définissant pour chacun le type de réparation le plus approprié.
Hiérarchiser les priorités
J’ai examiné l’ensemble des infrastructures du port de pêche artisanale de Nouadhibou afin de hiérarchiser les priorités. Ces infrastructures se répartissent en deux catégories selon leur état de dégradation : ceux dont la réparation est impérative pour des raisons de sécurité des biens et personnes et dont la ruine complète mettrait le port dans une situation difficile, augmentant le coût des travaux d’intervention, d’un part, et, d’autre part, ceux pour lesquels la situation actuelle peut être tolérée, en attendant de savoir si des développements ultérieurs du port ne les condamneraient pas, rendant, comme dit tantôt, toute réparation inappropriée et inutile.
Mon souci principal sera d’arriver à mieux gérer un établissement qui souffre d’une certaine saturation au niveau de ses infrastructures. Face aux défis majeurs auxquels le port de pêche artisanale est confronté, je m’engagerais à coordonner et superviser l’ensemble des opérations de réparations et de sauvegarde des quais d’accostage ; à assumer la responsabilité de leur organisation et bon fonctionnement, avec la détermination intraitable d’atteindre les objectifs fixés selon ma propre conception technique adoptée devant le conseil d’administration et le conseil de surveillance ; à viser toujours un développement économique optimal du port car la recherche de l’excellence est un impératif pour qu’il devienne un pôle économique fiable ; à veiller à la bonne éthique des décisions prises sur le domaine portuaire ; à proposer de plans d’actions ambitieux ; contribuer à l’élaboration du projet de développement des infrastructures et à sa mise en œuvre ; organiser l’entretien et de la maintenance à travers des conceptions techniques pertinentes ; élaborer, suivre et contrôler les budgets de façon responsable afin d’assurer leurs équilibres, éviter les détournements des fonds et assainir la direction financière de tout germe nuisible…
Le port de pêche artisanale de Nouadhibou est devenu une source majeure d’emploi pour une large tranche de la population, il est considéré comme une des plus importantes infrastructures du secteur.
Si j’en étais le directeur général, la première action que je mènerais serait de mettre en place un comité permanent de suivi qui constituera un espace de concertation pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques idoines ; et pour une meilleure action de réflexion et de concertation dans les processus d’élaboration et de mise en application des conceptions techniques du redressement du port.
Pour y arriver, je m’engagerais à lancer une plateforme pour le suivi des embarcations de pêche artisanale via balise satellitaire. Un tel équipement permet de savoir à tout moment où se situe chaque embarcation et de renforcer ainsi la surveillance des activités du secteur. Je m’engagerais à solliciter auprès du ministre des Pêches et de l’économie maritime la mise en place d’un conseil de surveillance avec mission de fixer la politique générale du port et de contrôler les décisions du conseil d’administration. Conseil composé du ministre des Pêches qui en assure la présidence et du président de la zone franche de Nouadhibou.
Dès ma prise de fonction, je m’attèlerai à composer un staff soudé à mes vues, réunissant ainsi autour de moi des qualités et des ressources convaincues par la volonté du changement ; à apporter une vision claire, pertinente et approfondie afin d’orienter les équipes dans la même direction du redressement ; et, donnant du sens à notre travail d’équipe, à développer un esprit de responsabilité pour atteindre les objectifs fixés. Susciter et entretenir la confiance en soi et en ses collègues, voilà la condition essentielle à un élan fort au sein du personnel du port, pour une mise en place rapide des actions, résultats concrets à la clé.
Cheikh Ahmed Mohamed
Ingénieur
Chef du service Études et Développement
Établissement portuaire de la Baie du Repos de Nouadhibou
Auparavant responsable du bureau d’études MEGELC