Le poisson pourrit toujours par la tête, ce proverbe chinois signifie qu'à l'origine d'un dysfonctionnement, d'une grave lacune au sein d'un État ou d'une organisation quelconque, on trouve toujours de mauvais dirigeants qui accumulent les pires défauts du genre humain. Absence de respect de la dignité humaine ou défaut total d'intégrité. Où les deux à la fois.
Notre pays est victime d'une grande crise de défaut de compétence, de qualification professionnelle, de savoir-faire et de bonne gouvernance. En effet, notre administration reste toujours un terreau fertile aux cycles infernaux des détournements de deniers publics. Pourtant, aux États-Unis où la population noire n'atteint pas 15%, un brillant juriste noir est parvenu à se faire élire deux fois de suite comme président des 50 États fédérés. À cause surtout de ses qualités intellectuelles et de la confiance qu'il inspire indépendamment de la couleur de sa peau.
En Mauritanie s'est-on seulement posé la question si simple ? Quel est le niveau académique ou plutôt scolaire des dirigeants de la Mauritanie depuis plusieurs décennies ? Deux chefs d'Etat ont dirigé ce pays durant 35 ans, le tiers d'un siècle. Le premier était un instituteur adjoint. Il n'a jamais effectué le second cycle du secondaire. Ne parlons pas de l'enseignement supérieur. Il suffit juste de l'écouter pour découvrir l'extrême faiblesse de son niveau scolaire. Les citoyens moyens trouvaient ridicules sa façon de s'exprimer. Un homme qui masquait ses handicaps par une posture prétendument rigide.
Voilà une personne dont la tête n'était, ni bien pleine, ni bien faite. Son bilan se passe de commentaires. Sa gouvernance a porté un coup fatal à la cohésion nationale. Il s'est exilé et devient un paria poursuivi par sa conscience de génocidaire ne pouvant plus se déplacer dans le monde libre.
Le second, dont le niveau scolaire est des plus flous, se perdant semble-t-il entre les classes de 4ème et 3ème du 1er cycle du secondaire est l'artisan de la fameuse décennie d'un pillage systématique à la fois des deniers et biens publics. Un homme manquant de bonne éducation et dont les insuffisances sautaient aux yeux.
Comment peut-on diriger un État sans avoir un minimum de bagage académique ? Pour bien comprendre les textes. Observer le respect scrupuleux des droits humains. Éviter de tomber dans des excès fatals. Certes un bon niveau intellectuel n'est pas une condition suffisante mais forcément nécessaire. Or, en Mauritanie, cette condition nécessaire est rarement remplie.
Des centaines de milliers de mauritaniens, c'est évident, ont vécu le martyre et l'injustice sociale la plus pernicieuse avec ces deux dirigeants. Quelques milliers d'autres, en revanche, ont largement profité des injustices qu'ils ont répandues dans nos communautés. Ces fameuses élites, des complices de tous les malheurs que vivent nos populations dont le niveau de vie ne fait que chuter, applaudiront toujours des médiocres pour les hisser au pouvoir.
À quand la fin de ce drame ? De cette gigantesque escroquerie qui favorise tout ce qui est faux. Des détournements, des faux diplômes, une impunité générale. Une inévitable descente aux enfers pour les plus vulnérables d'entre nous. Une autre forme de génocide humain.