Réaménagement du gouvernement : Déroutant !

7 September, 2022 - 17:48

La présidence de la République a annoncé ce mardi 6 septembre, un réaménagement de l’équipe gouvernementale. Et le moins que l’on puisse dire est qu’à chaque fois que les mauritaniens attendent des changements, ils sont déçus. La présidence fait toujours dans le recyclage des produits de l’ancien président Aziz alors que  sa décennie est objet de toutes les critiques depuis trois ans. C’est  comme si le palais ne dispose pas de  banque de données des cadres de la République. Interrogés, nombre d’acteurs politiques disent  que les remaniements de chez nous n’obéissent à aucune logique, sinon tribale, régionale mais aussi  surtout  de partage du gâteau par les généraux ou chefs  de tribus. Le dernier réajustement était très  attendu depuis que le ministre de l’éducation a été désigné président du parti. Les yeux et les  oreilles étaient braqués sur le palais.

Le réaménagement intervenu ce mardi est marqué par le départ de Yahya Ould Wagf du ministère secrétariat général de la présidence de la République pour le ministère de l’Agriculture. Cet homme de Letfetar semble payer l’échec du processus de dialogue dont l’avait chargé le président Ghazwani. Vice-président de l’INSAF, il atterrit dans un département à problèmes et aura la charge de mener la nouvelle politique gouvernementale en matière d’exploitation de terres. Il est remplacé par Moulaye Mohamed Laghdhaf, ancien premier ministre et ministre secrétaire général de la présidence du temps d’Aziz. C’est un homme apprécié des mauritaniens, il pourrait, croire savoir certains observateurs, reprendre la processus de dialogue interrompu, il y a quelque temps. Il avait été cité comme candidat à l’élection présidentielle de 2019. Mais il a préféré rester en retrait. D'ailleurs des rumeurs ont commencé à circuler, il y a quelque temps  sur sa probable  candidature à la prochaine présidentielle. Un sort désormais scellé avec son  come back au palais, au service de Ghazwani.

Autre fait marquant du remaniement, le retour de Soko Adama Bocar au ministère de l’éducation nationale. Bombardé ministre de l’agriculture, en mars dernier, l’homme de  Touldé (Boghé) revient dans un milieu connu ; en effet, avant d’occuper le poste de ministre secrétaire général à la présidence, il avait transité par l’éducation nationale. Son retour  après l’adoption du projet de loi controversé  portant réforme du système éducatif , un texte   contesté par les associations pour la promotion de ses langues nationales Pulaar, Soninké et Oulof et l’organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN) interroge. A-t-il  pour mission de faire rédiger le décret d’application et donc de parachever le travail de son ami Ould Eyih ? Ou bien aura-t-il  la latitude prendre en charge les recommandations des organisations des langues nationales ?  Wait and see.

Le remaniement aura aussi acté le retour de Nani Chrougha dont les affinités avec le président de  la République ne sont un  secret pour personne. Il a été une grande figure du régime de Aziz. En plus du poste de ministre de  l'Équipement et des transports, il devient porte-parole du gouvernement. Il faut noter que ce département avait enregistré quelques changements notoires dans la gestion des projets d’infrastructures. La question que l’on se pose est de savoir si le ministre sortant n’a pas été éjecté sous l’influence des lobbies qui ont pris l’habitude de faire main basse sur le ministère et ses projets.

La ministre de l’environnement a été sacrifiée, semble-t-il, pour satisfaire des  lobbies de son département, Maghama (encore). Reconnue compétente et travailleuse, elle "cède" la place au député de Maghama, Niang Mamoudou, envoyé  au ministère de l’emploi et de la Formation professionnelle. Un département tentaculaire,  plein  de convoitises à cause de ses nombreux projets d'emplois et de jeunesse. Plusieurs fois élu député, Niang Mamoudou jouit d’une grande audience dans son département  et compte parmi les cadres influents du Gorgol.

Enfin, force est de constater que les remaniements ministériels témoignent de l'instabilité des fauteuils des ministres dont certains n'ont  même pas le temps de connaître leur département et donc d'engager, de suivre et de parachever des projets.