Nouakchott vient d'enregistrer sa troisième grande pluie. Tous les quartiers ont reçu d’importantes quantités dans une ville deja marécageuse. Selon la météo, les quantités de pluie suivantes ont été recueillies : 36mm à Riyad, 45 à Arafat, 49 à El Mina, 32 à Sebkha, 25 à Tevragh Zeina, 35 au Ksar, 45 à Toujounine, 45 à Dar Naim et 27 à Teyaret.
Ce dernier orage est intervenu alors que la capitale n’a pas fini d’absorber les eaux stagnantes. Elles ne s’infiltrent pas et les systèmes d’évacuation par camions citernes peinent à venir à bout des étangs et lacs. La visite récente du premier ministre sur les sites de pompage des eaux est venue montrer les limites du travail des équipes. Selon des sources fiables et présentes sur le terrain, le PM aurait poussé un coup de gueule face aux lenteurs des pompages et à la détresse des citoyens dont les maisons et les surfaces vitales sont inondées. Des vidéos postées sur les réseaux sociaux et par les victimes et les professionnels révèlent l’état critique des populations de Couva (Sebkha), de Dar Naim et d’El Mina, le cité plage. Certains sont obligés de s'aménager des pirogues de fortune pour se déplacer. Presque aucun quartier de la capitale n’est épargné désormais à Nouakchott. Les maisons sont inondées ; un tour dans certains quartiers fait remarquer combien les dégâts sont importants. Les tapis, les matelas, les nattes, le linge sont sortis et exposés au soleil pour sécher. C’est à ce demander si les travaux de voirie de la capitale réalisés il y a quelques années ont servi à quelque chose. Selon un maçon rencontré dans la banlieue, « notre travail consiste depuis que la pluie s’abat sur Nouakchott à des réparations pour déboucher les gouttières ou en installer de nouvelles, à remettre des couches de chapes sur les toits des concessions…Les eaux entrent partout. »
Côté circulation, il est devenu difficile, pour de nombreux usagers de se déplacer au sein de la capitale aussi bien par véhicules qu’à pieds. Avant la pluie, ce sont des embouteillages et le désordre de stationner au centre-ville qui caractérise notre capitale. Pour échapper à cette situation, les chauffeurs trouvent des moyens de contourner les goulots d'étranglement (carrefour Madrid, axe BBB - carrefour Toure et l'ex avenue Jemal Abdel Nacer, le carrefour de la Polyclinique, le carrefour Touré, de Yéro Sarr, à Elmina, du marché de bois...) en s'engouffrant dans des ruelles parfois très étroites des quartiers. D’autres automobilistes laissent leurs voitures à la maison pour éviter de casser la mécanique.
Avec les eaux stagnantes, ils ne peuvent plus le faire; tout le monde passe sur le goudron dont certaines parties sont altérées, ce qui expose aux risques de tomber sur des nids de poules enfouis sous l’eau. Résultat des courses, de longs bouchons, observables depuis quelques jours sur certains axes. Ainsi, il est devenu très facile de passer des heures à bord de véhicules pris dans des embouteillages. Et comme cela ne suffit pas, les gros porteurs qui déposent des marchandises au centre-ville en rajoutent. Ce jeudi matin, un porte-conteneurs a bloqué la circulation pendant de longs moments à la hauteur de l’établissement Ghadour de Médina 3 ; il cherchait à se garer et à décharger sa cargaison dans un magasin de la place. Le chauffeur manquait semble-t-il d'expérience pour bien manœuvrer. Sur l'axe BBB - carrefour Toure, une grosse remorque faisait poireauter les conducteurs sous une chaleur étouffante… Campant allègrement en pleine chaussée, il avançait à sa guise, faisant fi du concert de klaxons des conducteurs d’autres machines, obligeant tous les autres à le suivre, ils n'avaient pas de solution: des lacs les empêchaient de faire demi-tour.
Le désordre dans la circulation à Nouakchott ne fait que s'accentuer, le nombre de voitures ne cesse d'augmenter et l'incivisme également ; les autorités doivent mettre de l'ordre dans cette situation. La première mesure est de dissoudre l'autorité de régulation du secteur du transport qui a fini de montrer son inefficacité et la deuxième, interdire aux gros porteurs de circuler à certaines heures de pointe au centre-ville et sur certains grands axes très passants. C'est difficile mais pas impossible. Les puissants commerçants vont s’y opposer comme par le passé mais il faut oser sinon dans 5 à 10 ans, il sera pratiquement impossible de circuler et de se garer dans Nouakchott, une capitale dans laquelle on doit aménager sans penser des ouvrages d’évacuations d’eau stagnantes ou de ruissellement et des parkings ou autres aires de stationnement.