Le Calame : Commençons par cette réunion entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques dont l’objectif était de préparer « tôt » les prochaines élections municipales, régionales et législatives. Diriez-vous que c’est une bonne initiative, après la rupture du processus qui devrait conduire à un dialogue inclusif ?
Bilal Werzeg : Absolument ! C’est une bonne Initiative dans la mesure où la préparation des élections respectueuses du calendrier électoral ne peut être liée à la rupture ou/et à la poursuite du dialogue, aussi inclusif soit-il.
- Cette rencontre intervient quelques semaines après la rupture unilatérale du processus de dialogue dont le lancement était donné pour imminent. Avez-vous compris pourquoi le gouvernement a décidé d’y mettre fin ?
- Je n’en connais pas les raisons, à part celles avancées par les personnes qui supervisaient les préparatifs. Cependant il me semble que la responsabilité de rupture du dialogue incombe aussi bien à la majorité qu’à l’opposition.
- Pensez-vous qu’un « consensus » au sein de l’opposition, dont l’absence fut avancée pour justifier cet arrêt, pourrait se réaliser autour des prochaines élections ?
- Je ne vois pas de consensus possible au sein de l’opposition et cela ne date pas d’aujourd’hui.
- Lors de la présidentielle de 2019, vous avez soutenu le candidat indépendant ex-Premier ministre, Sidi Mohamed ould Boubacar. À votre avis et partant de votre expérience en la matière, que faudrait-il améliorer pour que les prochaines élections soient consensuelles, crédibles et non contestées ? Les propositions faites lors de la réunion au ministère de l’Intérieur vont-elles dans le bon sens ?
- La réunion au ministère de l’Intérieur va dans le bon sens et de telles rencontres devraient se poursuivre pour aboutir à un consensus en vue d’élections crédibles, justes et non contestées. Elles permettront un toilettage de tous les textes en ce domaine et de dresser une liste électorale fiable, avec des cartes d’identité nationale pour tous et, surtout, de mettre sur pied une CENI digne de ce nom, acceptée par tous.
- Cette réunion du 12 Juillet a été marquée par l’absence du RFD, de l’UFP et de l’AJD/MR. Comprenez-vous leur refus de répondre à cette convocation ? Avez-vous pris connaissance du contenu de leur missive adressée au gouvernement ? Si oui, qu’en pensez-vous ?
- À leur place j’aurais été présent à la réunion car comme je l’ai dit plus haut, seules des concertations franches entre le ministère de l’Intérieur et les acteurs politiques sont à même d’aller vers des élections libres transparentes et consensuelles.
- La CENI a changé de configuration depuis la dernière présidentielle. Sa recomposition ne risque-t-elle pas de constituer une pierre d’achoppement pour les parties prenantes ?
- De mon point de vue personnel, l’actuelle CENI ne peut en aucun cas organiser les prochaines élections. J’étais du dernier dialogue à l’issue duquel cette CENI fut constituée.
- Quel rôle pourrait jouer l’ex-candidat Sidi Mohamed ould Boubacar dans la préparation des prochaines élections ? N’envisage-t-il pas de fonder un parti pour rassembler tous ceux qui l’ont soutenu en 2019 et, partant, briguer un poste de député à l’Assemblée nationale ?
- Sidi Mohamed ould Boubacar reste un ami et, comme nous tous qui l’avons soutenu à la dernière élection, nous sommes prêts à aider à la préparation des prochaines. Concernant votre question relative à la fondation d’un parti et à une éventuelle candidature de l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed ould Boubacar, c’est à lui qu’il faudrait la poser ; pas à moi.
- Qu’attendez-vous du procès annoncé de l’ex-président Ould Abdel Aziz ?
- Je dis toujours que personne ne doit et ne peut interférer dans un dossier en justice. Je dis aussi – et c’est une vérité de Lapalisse – que tout accusé demeure innocent tant qu’il n’a pas été jugé et condamné.
Propos recueillis par Dalay Lam