Faut-il en rire ou en pleurer ? La situation n’est en tout cas ni reluisante ni encore moins amusante. Le ministre des Affaires économiques vient de jeter un énorme pavé dans la mare. Connu pour son intransigeance, ce technocrate averti n’est apparemment pas un adepte de la langue de bois. Il vient de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas sans jamais oser le dénoncer. Dans une déclaration dont les échos résonnent encore, il a affirmé que « plus de la moitié du portefeuille, soit 55%, est composée de projets subissant des lenteurs dans leur exécution. 47,5 % enregistrent des dépassements d’au moins deux ans par rapport à leur date initiale de clôture, certains allant jusqu’à neuf ans. 26,2 % n’ont fait l’objet d’aucun décaissement plus de douze mois après la signature de leur convention respective de financement et certains n’en ont même connu aucun plus de six ans après ladite signature ; 18,1% enregistrent des taux de décaissement inférieurs à 50% – certains moins de 10% – à moins d’une année de leur date de clôture. » Et le ministre d’enfoncer le clou : « 8,2% n’atteignent pas 10% de taux de décaissement deux ans après la signature de leur convention, certains n’atteignant pas ce chiffre six années après celle-là. »
Une situation qui entraîne des pertes importantes pour le pays en termes de coût financier et de manque à gagner. Mais à qui la faute ? Aux coordinateurs de projets dont le ministre a évoqué les contre-performances ? Ou à ceux qui les ont choisis ? Il y a en tout cas urgence à trouver une solution à un problème qui ne date pas d’hier. Au moment où tous les pays se battent pour obtenir des financements, le nôtre se permet de gaspiller des occasions d’en absorber. Il suffit juste de faire preuve d’un peu de compétence. Serait-ce trop demander ?
Ahmed ould Cheikh