Le gouvernement a mis fin hier soir au processus de préparation des concertations politiques. Une décision qui surprend les observateurs dans la mesure où le lancement officiel était donné pour imminent. Le comité préparatoire avait fini de fixer les thèmes et des listes des participants. Au cours d’une conférence de presse tenue mercredi soir, le président du comité préparatoire, M. Yahya Waghf a déploré l’absence de consensus autour de ce dialogue, en dépit, dénote-t-il, de la volonté politique du président de la République. L’objectif est, selon lui, de donner le temps aux différents acteurs pour s’entendre. Espérons-le en tout cas sinon cela donnera une mauvaise image du pouvoir que les détracteurs n’hésiteraient pas à qualifier d’incapable à créer les conditions pour un dialogue inclusif.
Souhaité par l’opposition et accepté par le président de la République après quelques hésitations, le processus avait été amorcé par les acteurs politiques, il y a quelques mois ; des rencontres se sont tenues pour examiner les voies et moyens de parvenir à un large consensus. En vain. Certains leaders de l’opposition ont vite pris leurs distances par rapport au processus. Le premier à prendre ses distances a été Messaoud Boulkheir. Le président d’APP avait exigé l’implication des membres de la société civile au sein du comité préparatoire, requête rejetée. Ce leader Haratine a ensuite placé la barre très haut en désapprouvant le choix porté par le président de la République sur la personne de son ministre secrétaire général, Yahya Ould Waghf pour diriger le processus de dialogue. En dépit des tentatives pour « sauver la face » au président d’APP, celui-ci reste droit dans ses bottes et met même au défi des émissaires de réussir leur dialogue sans lui. Certains partis de l’opposition, notamment Tawassoul ne se sont pas montrés très enthousiastes pour un dialogue qui laisse en rade certains acteurs majeurs de la classe politique. Abondant dans le même sens, le président des Forces Progressistes pour le Changement (FPC), M. Samba Thiam exprimait sans détour son scepticisme sur le processus des concertations non inclusif. Le moins que l’on puisse déceler dans ces propos, c’est que le cœur n’y était presque pas. Les négro-africains conditionnent leur présence au règlement du passif humanitaire, à l’officialisation des langues nationales Pulaar, Soniké et Oulof et la répartition équitable des ressources du pays....
Enfin, une autre pierre est tombée dans le jardin du processus. En effet, les représentants du parti RAG de Biram Dah Abeid ont suspendu leur participation au dialogue, conditionnant leur retour aux éclaircissements sur l’incident d’Atar au cours duquel la police a fait irruption dans la salle où se tenait un colloque de son parti, le RAG et a arraché une banderole. Le président d’IRA exigerait, selon certaines sources, la reconnaissance de son parti.
Aujourd’hui, le constat est là, le processus est arrêté. Le pouvoir en prend un sacré cas, lui qui est accusé par certains de manque de sérieux depuis le début du processus des concertations. Les faucons, hostiles au dialogue auraient-ils remporté la manche ? Les caciques du pouvoirs de Aziz sont-ils en train d’imposer leur diktat au pouvoir de Ghazwani?