Depuis quelques jours, une vidéo circule dans la toile. Vieille de plus d’une décennie, elle a déterrée pour des raisons qu’il est facile d’imaginer, nuire à tout prix. Aux vivants sans épargner les morts. Un ancien colonel de l’armée y évoque pêle mêle une convention pour l’achat d’armements signée avec l’Arabie Saoudite lors de la guerre du Sahara, des armes hors d’usage livrés à l’Armée, le refus de l’Armée de l’Air de livrer des armes aux troupes lors de la fameuse bataille d’Aousred (alors que le fondateur du Garim, feu le colonel Kader, connu pour sa témérité, n’a jamais rechigné à aller au front malgré les dangers) et la fin de non-recevoir du directeur de la SNIM de fournir le carburant à l’Armée. Sans entrer dans une polémique stérile sur une question dont personne n’a jamais entendu parler avant cette sortie, il est utile de rappeler certains faits pour l’Histoire. Lorsqu’ils ont évincé feu le président Mokhtar en 1978, les militaires ont tout fait pour accabler le père de la Nation. Ils ont cherché et fouillé partout et n’ont rien trouvé qui puisse le compromettre. Un scandale de cette ampleur, dont l’Armée est la principale victime, aurait été du pain béni pour eux. Feu le colonel M’bareck Ould Bouna Mokhtar, le héros de cette ‘’saga’’, a été nommé ambassadeur à Bonn quelques jours après le coup d’Etat. Certains haut gradés et haut placés à l’époque, dont les relations avec M’bareck étaient tout sauf bonnes, n’allaient pas laisser passer l’occasion de lui régler son compte une fois pour toutes mais ils ne pouvaient rien trouver qui puisse compromettre la réputation d’un officier dont tout le monde salue la rigueur et la probité y compris ses pires adversaires. Nommé à la tête de la Défense en 1977, soit un an et demi après le déclenchement de la guerre, il ne pouvait gérer seul et avec les pleins pouvoirs une convention pour l’achat d’armes (avec l’Arabie Saoudite, selon la vidéo) qui n’existe que dans l’imagination de ceux qui l’ont inventée. D’ailleurs ni lui ni ceux qui l’ont précédé au ministère de la Défense (Feus Ahmed Ould Mohamed Saleh et Abdallahi Ould Bah) ni celui qui lui a succédé (Mohamedhen Ould Babbah) n’ont jamais été cités dans la moindre affaire douteuse. Ce qui est également le cas de l’équipe gouvernementale qu’avait choisie Mokhtar dont l’intransigeance dans la gestion des deniers publics était sans limites.
Il est donc inimaginable qu’il puisse se compromettre et compromettre son frère dans une affaire qui se révélera tôt ou tard un scandale que ne manqueront pas d’exploiter leurs détracteurs. Mais ce n’est pas dans la nature de l’homme. Il n’y a donc pas l’ombre d’un doute. Chercher à l’insinuer quarante-cinq après n’est peut-être pas innocent mais les faits sont têtus.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?