Depuis le début du mois de Ramadan, un mois de solidarité et partage, des mauritaniens assistent à l’organisation par les partis et certains acteurs politiques de soirées de ruptures collectives du jeûne, lesquelles sont relayées dans les médias et réseaux sociaux. Des rencontres devenues comme des shows au cours desquelles des repas copieux et bien arrosés sont exposés aux mauritaniens dont certains peinent à s’acheter quelques dattes voire même de rêver de quelques morceaux de viande tellement les prix sont hors de leur portée.
Autour de ces plats copieux, on voit des hommes et femmes aux boubous et voiles bien amidonnés. Si ces rencontres rassemblent des personnalités respectables, on y voit ou revoit quelques zombies et de rares profiteurs, venus à la rencontre de leurs bienfaiteurs et leur crier « W’kheyert ».
En cette période de vaches maigres, nos acteurs politiques et hommes d’affaires devraient faire preuve de décence et surtout penser à leurs concitoyens dont l’écrasante majorité tire le diable par la queue. Penser à eux conformément à la prescription de notre Sainte religion l’islam. Exhiber ces plats devant des ventres creux frise à la limite l’offense, excite la frustration, d’autant plus que des biens ayant permis de monter ces spectacles sont suspectés par les citoyens, d’être mal acquis. Nos mauritaniens d’en haut seraient bien inspirés de mettre quelques kg de dattes, de sucre, d’huile et de riz et se rendre dans certains quartiers pour les remettre, dans la discrétion, à des femmes qui peinent à faire dormir leurs enfants parce qu’ils n’ont pas mangé. Dieu sait qu’il y’en a, il suffit d’aller les chercher dans les endroits où ils luttent pour la survie. Ils devraient penser à ces pères et mères de familles qui se réveillent à l’aube pour aller faire le rang devant des boutiques de distribution de poisson ou des boutiques Ramadan. Des citoyens livrés à des courtiers et autres commerçants venus acheter les produits qui étaient destinés aux démunis. Un vrai trafic sévit devant ces boutiques EMEL. Pour leur information, nos acteurs politiques et hommes d’affaires doivent connaître que les nécessiteux sont presque partout, surtout dans les quartiers précaires de la banlieue ou même aux grands carrefours de notre capitale, dans les hôpitaux... C’est cette solidarité que nous enseigne notre sainte religion et c’est ce qu’Oumar Ibn Khattab a traduit dans les faits en pensant aux prochains. Pourvu que nos chaussures propres ne redoutent de voir leurs belles voitures s’embourber dans le sable de la misère.