Quelques 24 heures après la reconduction du PM, le Palais a publié la liste du nouveau gouvernement. Une équipe plus politique que technique, notent les observateurs. Le gouvernement II de Ould Bilal est marque par l'arrivée au ministère de l'intérieur du désormais ancien directeur du cabinet a la présidence de la République, Ould Mohamed Lemine, un homme de confiance du président Ghazwani a qui on reprochait de faire la pluie et le beau temps au Palais. Certains ajoutent qu'il gênait beaucoup le premier ministre. Pourra-t-il se plier aux instructions d’Ould Bilal? Rien n'est moins sûr.
Autre fait marquant, le départ d’Ould Merzoug de l'intérieur pour les affaires étrangères, ce qui traduirait un signe de changement de la part de Ghazwani qui voudrait donner un nouveau visage à la diplomatie mauritanienne. Envoyer une personne de couleur a la tète d'une diplomatie dominée par la composante arabe est un symbole. Selon certaines indiscrétions, Ould Merzoug, homme de confiance du président Ghazwani se serait fait tirer les oreilles pour accepter ce poste.
Autre fait, l'arrivée au ministère de l'hydraulique du président de l'UPR, Ould Amar qui se sentait à l’étroit à la tête de ce gros mammouth. Très peu porté vers la politique, cet ex directeur de la SNDE n'a pas réussi à mettre de l'ordre dans la troupe.
Le départ de Naha Mint Mouknass du très problématique ministère du commerce et son retour au Palais prouve que la fille de celui qui a donné à notre diplomatie ses lettres de noblesse reste indispensable aux pouvoirs qui se succèdent à la tête du pays depuis Ould Taya. A tête de l'UDP, Naha contrôle une machine électorale. Elle n'a pas réussi à dompter la très puissante union nationale du patronat et assistait presque impuissante à la hausse vertigineuse des prix des denrées de base. Elle retrouve une atmosphère plus calme et moins stressante au Palais aux côtés du président Ghazwani.
Après avoir tenu les Mauritanie en haleine pendant les pires moments de la COVID, Ould Zahaf est remplacé à la tête du département de la Santé par Ould Dahi, ex porte-parole du gouvernement, un rôle dévolu désormais au ministre de l’éducation nationale resté à son poste. La règle de l’homme qu’il faut à place qu’il faut a été foulée au pied.
Le départ du ministre des finances à la banque centrale surprend dans la mesure où il semblait jouer un rôle important dans la lutte contre la gabegie. Il venait justement d’engager une forte campagne pour retrouver les nombreuses voitures de l’Etat disparus du parc administratif et des ministères, programmes et projets. Son arrivée à la BCM permettrait de redonner du blason à cette institution d’émission de la monnaie nationale qui a connu des scandales à répétition : fausse monnaie, la vente suspecte de la NBM...
Ould Dhehbi est remplacé par Isselmou Mohamed Mbadi, homme du sérail. Le natif de Tidjikja a gravi plusieurs échelons : chef service, directeur des impôts, directeur adjoint du Budget, chargé de mission et inspecteur général interne...Très discret dans l’arène politique, ce qui semble-t-il a retardé son ascension, Isselmou est resté jusqu’à s nomination, un technicien du département des finances.
Enfin, on s’interrogera sur le limogeage des ministres de l’Emploi, Taleb Ould Sid’Ahmed et de l’environnement durable, Mint Bekaye, deux ministres considérés compétents et dynamiques de l’équipe sortante. Aussi étonnant reste le maintien du ministre de l’urbanisme et de l’habitat alors qu’il fait partie de ceux que Ghazwani avait convoqués, il y a quelques mois pour leur signifier qu’il n’était pas content de la gestion de ses projets électoraux. En effet, de sérieux retards ont été révélés, il y a quelques mois par le ministre des affaires économiques. Pour sa part, le délégué de Taazour, une agence essentielle dans la lutte contre la pauvreté. On note enfin le maintien des ministres du développement économique, Kane Ousmane et du pétrole, Ould Mohamed Saleh, deux hommes considérés comme les plus compétents de l'attelage du gouvernement.
De l’avis de certains observateurs, l’équipe que Ould Ghazwani s’est choisie ne serait pas une machine de campagne électorale, même si la majorité est très politique, ils ajoutent qu’on attendait mieux de la part du Rais. Les quelques conciliabules ayant précédé ou retardé la publication de la liste du gouvernement prouveraient que des difficultés seraient apparues à la dernière minute.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?