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23 March, 2022 - 23:40

Propos de Ghazwani en Espagne : pauvres de nous !

Les propos tenus par le chef de l’État en Espagne ont laissé pantois nombre de Mauritaniens partagés entre la sincérité affichée par Ould Ghazwani  et un certain aveu de son impuissance. C’était devant les membres de la communauté mauritanienne en Espagne que le président de la République prenait la parole, en ce 17 Mars 2022, pour décrire les conditions économiques difficiles que traverse le  pays.

« La Mauritanie est pauvre », a-t-il affirmé, « et souffrait de la faim avant même la crise actuelle du blé », avant de souligner que « tout le monde connaît la situation de notre pays ». Ould El Ghazwani admet qu’il y a « des familles qui dorment la nuit sans nourriture », et que « des mendiants sont éparpillés sur les trottoirs et devant les feux de circulation ». Sa déclaration n’a pas été relayée par les médias officiels. L’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) s’est contentée de rapporter que « Son Excellence le Président de la République a souligné l’intérêt qu’il attache à la situation de nos communautés à l’étranger et l’amélioration de leurs conditions de résidence. […] Il a appelé tous les membres de la communauté à bien représenter leur pays ». Aucune réaction des partis politiques, ni même de la Société civile n’a été enregistrée.

S’adressant à la diaspora, « les Nations Unies », a-t-il précisé, « connaissent la situation dans le pays qu’ils ont classé en pays pauvre. Dans notre pays, personne ne peut s’arrêter à un feu rouge sans que des mendiants affluent vers lui pour lui demander aumône. Ils ne font pas cela par fierté mais bien à cause de la faim. »

 

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Contentieux au sein de la communauté hamalliste de Kaédi : Ould Ghazwani interpellé

À travers une lettre ouverte, la communauté hamalliste de Kaédi regroupée au sein du mouvement d’émancipation «Tallaye » attire l’attention du président de la République sur la discrimination basée sur l’ascendance dont elle se dit victime depuis un certain temps au sein de cette jamaa. « Cette situation a commencé avec la disparition de nos illustres guides Mpaly Kaba et Yakhouba Sylla. Depuis lors, nous assistons à la résurgence des forces rétrogrades qui tentent de réinstaller dans notre jamaa un ordre féodal que nos illustres guides avaient banni en théorie et en pratique », rappelle  le mouvement.

Dans sa lettre ouverte, le mouvement d’émancipation rappelle qu’« un conflit ouvert oppose les disciples au sein de la communauté hamalliste de Kaédi depuis Octobre 2020.  Nous saisissons cette occasion pour saluer les efforts entrepris par l’administration judiciaire au tribunal de Kaédi pour trouver une solution consensuelle et apaisée sur la base d’un accord convenu et signé par les deux parties en Avril 2021. Cet accord s’inspire des principes fondamentaux d’égalité et de justice de notre sainte religion qui sont loin, dans ce cas bien précis, d’être en contradiction avec les lois et toutes les déclarations de droits de l’Homme dont notre pays est signataire ».

Mais, « plusieurs mois après la signature de cet accord, le malentendu persiste car une des parties s’arroge de manière systématique le rôle de l’imamat dans  les zawiyas de Kaédi et de Nouakchott, refusant tout dialogue pour une mise en œuvre consensuelle et inclusive de l’accord.  Après cinq mois de prière commune et de vaine attente, et devant le refus catégorique du chef – pire : la remise en cause de l’accord par certains de ses partisans – les membres du groupe Tallaye ont décidé  de ne plus prier derrière  leur imam.

 En Janvier 2022, le camp du chef  a saisi  les autorités du ministère des Affaires Islamiques qui ont à leur tour convoqué les deux parties pour exprimer leur volonté de trouver une « solution définitive».

« Pendant que les discussions étaient encore en cours entre une commission des oulémas désignée par le ministère et notre partie, nous avons été surpris par la publication unilatérale d’une liste des imams et de leurs adjoints que nous avons  pourtant  bien rejetée  lors des négociations. La liste a été publiée à Kaédi le 18 Mars 2022, en contournant les représentants officiels de Tallaye qui n’ont, jusqu’à ce jour, reçu aucune notifications de la commission. Cette liste dressée sur la base de l’ordre féodal,  à l’exception d’une seule personne, ne contient que les membres d’un seul camp, celui du chef ».

Saisissant  l’occasion  qui lui est offerte, le mouvement d’émancipation «Tallaye » attire « l’attention sur l’attitude la commission des oulémas qui veut justifier le traitement dont nous sommes l’objet par des prétendues considérations soufies, en donnant carte blanche au chef, alors que notre confrérie a été fondée, à l’instar de l’islam et des enseignements du saint prophète Mohamed (PBL) sur la base de l’égalité parfaite entre tous ses disciples ».

Par conséquent,  les membres  de la Jamaa Mpaly Kaba du groupe Tallaye sollicitent  « le haut esprit de justice et d’équité de bien vouloir donner des instructions afin que les autorités compétentes traitent cette affaire conformément aux  principes fondamentaux  de notre sainte religion, aux dispositions de notre Constitution ainsi qu’aux sages orientations  que vous avez eu à donner dans votre discours refondateur de Ouadane en Janvier 2022. Ainsi ferons-nous tous ensemble l’économie d’une escalade inutile et  la Jamaa retrouvera son unité d’antan, dans l’intérêt supérieur de notre grande nation ».