Concertations politiques : Dernières manœuvres ?

10 February, 2022 - 08:57

Depuis quelques jours, les manœuvres pour la tenue des concertations politiques entre les partis de la majorité et de l’opposition semblent se hâter… lentement. L’attente des deux camps s’est longtemps prolongée, poussant les acteurs de l’opposition à s’interroger sur les véritables intentions du pouvoir. Certains d’entre eux avouent leur scepticisme devant ces préparatifs qui avancent à marche de tortue, pour ne pas dire tenue de caméléon. Qu’attend donc le président de la République pour répondre à la proposition des parties ? N'assistera-t-on pas à un remake des dialogues d'Ould Abdel Aziz, s'interrogent-ils ? Selon des sources concordantes, majorité et opposition ont fini, depuis des semaines, par convenir de la composition de la commission de supervision paritaire (six de chaque camp) et prié le président de la République de désigner une personnalité consensuelle pour présider le conclave. Par ailleurs, le président d’APP, Messaoud Boukheïr reste toujours réticent et conditionnerait sa participation à ce choix tant attendu du président de la République.

Depuis qu’il est sorti du COVID, celui-ci fait grand bruit en demeurant silencieux. « La balle est dans le camp du Raïs », nous a confié un haut cadre de l’opposition avant de rappeler qu’en nommant le président de la commission de supervision, le président ne peut plus rester au-dessus de la mêlée des concertations dont la mise en œuvre des résolutions est capitale pour l’opposition. Mais le marabout attend peut-être la fin de la session du Parlement qui devrait être suivie, selon certains analystes, par un réaménagement de l’équipe gouvernementale. Aussi, la dernière audience accordée au président de l’Union Pour la République pourrait-elle entrer dans les dernières manœuvres du Palais, d’abord pour le choix du président du comité de supervision, ensuite pour enclencher le processus de dialogue. À en croire des sources concordantes, l’UPR avait exprimé le souhait d’assurer ladite présidence, proposition rejetée par l’opposition, comme du reste celle de coprésidence.

 

En attendant Godot…

Pour ce qui est de la personnalité consensuelle, des radars s’appliquent à dénicher l’oiseau rare. Les salons et bureaux en bruissent déjà. Même si le Palais reste muet, des critères avancés pourraient bien restreindre le cercle des éligibles. Pour présider pareil concave, il faut d’abord être suffisamment indépendant des chapelles politiques. Extrêmement difficile position, en Mauritanie… Il faut aussi et surtout disposer d’un important background, une solide expérience professionnelle et gestionnaire, ainsi qu’une profonde connaissance du pays et de ses hommes. Au total, un homme respecté de tous mais qui « n’a pas sa langue dans la poche », comme on dit. Voilà donc quelques traits du portait- robot de la personnalité qui aurait la lourde charge d’assurer la charge de président de la commission d’enquête. Même s’il est rare, ce type de personnalité existe et celui qui fut directeur général de la Sûreté du pays et, dix ans durant, chef d’état-major des armées doit d’autant plus en avoir sa petite idée que ceux qui l’ont rencontré lui prêtent une grande capacité d’écoute.

Espérons qu’il en use pour enfin arrêter son choix. Car plus les conciliabules traînent en longueur, plus l’image du pouvoir en pâtit. Surtout du côté de l’opposition qui doute de sa sincérité à organiser le dialogue, alors que le temps presse : les acteurs politiques auront bientôt les yeux rivés sur les prochaines élections régionales, législatives et municipales. Un agenda que nul n’aimerait voir bousculé par ces fameuses concertations...

Dalay Lam