Qu’il soit le fait de l’armée régulière ou de n’importe quel groupe armé, le meurtre de sang-froid de sept mauritaniens innocents au Mali est un crime odieux qui ne peut rester impuni. Certes le lieu où ils ont été assassinés et enterrés dans une fosse commune est une zone de non-droit mais l’armée malienne y est quand même présente, si l’on en croit divers témoignages provenant de la région. C’est pourquoi les militaires ont été les premiers indexés, tant ils sont réputés avoir la gâchette facile lorsqu’il s’agit de civils désarmés. Avec les djihadistes, c’est une autre paire de manches. En 2012 déjà, douze mauritaniens membres d’une organisation de prêche furent mitraillés par une patrouille de ladite armée, alors qu’ils se rendaient à Bamako assister à un colloque. Le Mali avait alors promis de mener une enquête impartiale pour déterminer les responsabilités et punir les coupables. À ce jour, on attend encore ses conclusions.
Aujourd’hui, le Mali nous sert la même rengaine mais assortie de larmes de crocodile. Avec cependant une obligation majeure : sachant pertinemment qu’ils ont plus que jamais besoin de la Mauritanie, étouffés qu’ils sont par l’embargo imposé par la CEDEAO, les nouveaux maîtres de Bamako ont tout intérêt à sévir contre de tels agissements et éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir. Car la Mauritanie ne peut plus permettre que ses citoyens soient pris impunément pour cible. Et face à un voisin incapable de maîtriser ses troupes, elle n’aura d’autre choix que de fermer sa frontière. Ce qui sonnera le glas d’une junte dont le sort ne tient qu’à un fil – la si bien nommée, en cette occurrence, Route de l’Espoir… – détenu par Nouakchott. Une menace suffisante pour s’obliger à un minimum d’ordre ?
Ahmed oud Cheikh