“Les conditions de détention des prisonniers de N’Gawlé sont inhumaines et indignes d’un État de droit”, ont affirmé, au cours d’un point de presse au siège du FONADH, le vendredi après-midi, les membres d’une délégation des défenseurs des droits de l’homme qui viennent d’effectuer une visite dans la prison de Rosso où sont incarcérés leurs militants partis soutenir justement les populations de ce village du département de Tekane, arrêtés pour avoir protesté contre l’expropriation de leur terre.
Introduisant les débats, le président du FONADH, Mamadou Sarr a d’emblée dénoncé l’arbitraire et l’impunité des pouvoirs publics et de leurs forces de l’ordre. Face à cette situation intolérable, il a demandé aux défenseurs des droits de l’homme de se mobiliser et sensibiliser les populations. “Nous n’allons plus nous taire face à ces violations répétées des droits des citoyens par un gouvernement dont les membres et organisations vont courir sous peu à Genève pour tromper l’opinion internationale et nous allons le démontrer face à l’opinion nationale et mondiale”, dira-t-il. Enfin, il a demandé aux différentes organisations de se mobiliser et resserrer les rangs pour changer cette situation actuelle.
Mohamed Kory Diallo, président de l’Association de défense des détenus des prisons, Bala Touré président du Sursaut Populaire Démocratique (SPD), Mme Camara Salimata Sy, présidente de l’AMPEF, Mme Siniya Haidara, présidente de l’Association des femmes éducatrices, Mohamed Ould Mohamedou, de l’Ong AHRAR, des représentation de Gollal, membres de la délégation ont décrit des « conditions abominables et dégradantes des détenus dont deux frères, entassées dans de petites cellules insalubres, sans alimentations digestes, ni hygiène. » Face à une telle situation, ces défenseurs des droits de l’homme se sont dits étonnés de voir des citoyens traités de la sorte dans un pays qui a ratifié des conventions internationales, disposant d’une commission nationale des droits de l’homme et d’un mécanisme de prévention de la torture.
Abondant dans le même sens, Siniya, Salimata et Ould Mohamedou ont dénoncé le « non-respect des textes par le gouvernement, l’arbitraire et une justice à deux vitesses. » Les propriétaires sont arrêtés et ceux qui sont venus confisquer leurs terres sont en liberté, ils n’ont jamais été auditionnés. Et d’embrayer: il est inacceptable, surtout dans un État musulman, se targuant de surcroit d’être un État de droit que des pratiques et violations des droits les plus élémentaires continuent à perdurer. « Nous ne demandons que le respect de la loi, celui des droits humains, pas plus », diront-ils. Les défenseurs des droits de l’homme ont indiqué qu’ils ne se tairont plus devant ces violations et d’indiquer que ce qui s’est passé à N’Gawle et à Bababé se reproduira ailleurs si le gouvernement ne prend pas garde et ne fait pas respecter les droits des citoyens. ‘’Npud crierons partout pour alerter et mettre en garde les organisations internationales comme le forum de Genève où doit passer sous peu la Mauritanie », selon eux. Ils ont enfin réclamé, par la même occasion, l’instauration d’une loi protégeant des défenseurs des droits de l’homme.
Pour sa part, M. Balla Touré, président du Sursaut Populaire démocratique (SPD) s’est interrogé sur le « silence complice » de la commission nationale des droits de l’homme dirigée par Me Ahmed Salem Bouhoubeyni. « Où est passé ce grand avocat que nous avons connu, qui fut bâtonnier de l’ordre national du barreau mauritanien, qu’on avait vu sur tous les fronts, prompt à défendre les victimes de violation des droits de l’homme », a-t-il demandé et d’ajouter: « nous ne comprenons que ce brillant avocat se taise aujourd’hui sur ces violations perpétrées à N’Gawlé et à la prison de Rosso et à Bababé, au risque de servir de faire valoir d’un pouvoir qui viole les textes, emprisonne des citoyens qui ne demandent que le respect de leur droit.