Sur la gabegie, le pouvoir n'a pas changé son fusil d'épaule. Le 28 novembre, le président de la République a réitéré sa volonté d’aller de l'avant, tout en précisant les contours de la stratégie adoptée : la lutte sera institutionnelle. Entendez en douceur et sur la durée, n'en déplaise aux adeptes des méthodes coup-de-poing.
Première mesure dans le cadre de cette approche : étoffer les ressources humaines de l'Inspection générale d’Etat. Celle-ci ne pourra plus justifier ses défaillances par un manque de personnel. Il me paraît également utile de la débarrasser de tous ses tiroirs pour l'empêcher d'y entasser ses futurs rapports d’inspection.
Il n'échappe à personne que les irrégularités et les passe-droits ont tellement gangrené le tissu administratif que seul un traitement radical pourra les éradiquer. Et encore ! Cela suppose que les inspecteurs soient d’une probité à toute épreuve, qu'ils aient les coudées franches pour mener à bien leur boulot et que tout acte de prévarication signalé, sans exception, soit dénoncé et lourdement puni. En somme, il faut un engagement entier et vigoureux au service d'une gestion assainie.
Si la gabegie est tant décriée, ce n'est pas seulement parce qu'elle permet à des gens de s'enrichir illicitement dans un contexte général de pauvreté, mais aussi parce qu'elle sape à la base tout effort de bonne gouvernance. Elle engendre, en effet, un état pathologique où des programmes ambitieux et des financements colossaux peuvent accoucher de résultats modestes. Ce sont les conditions de vie des populations, de même que les indicateurs de performance du pays qui en subissent le contrecoup.
Sous cet angle, le combat contre la malversation s'impose comme composante essentielle de toute politique de bonne gouvernance. Beaucoup le souhaitaient herculéen, avec un KO spectaculaire dès les premiers rounds. Par réalisme, les espoirs devraient être mis dans une victoire aux points.
Mohamed Salem Elouma Mema