La tension est montée d’un cran à Ngawlé. Une violente répression s’est abattue sur les populations. Le 21 Novembre dernier, les forces de l’ordre ont fait usage d’une contrainte inouïe à l’encontre des protestataires qui s’élèvent contre ce qu’ils vivent en spoliation de leurs terres au profit de particuliers. Des femmes, dont plusieurs enceintes, ont été rouées de coups de matraque par des agents en furie. On déplore de nombreux blessés et des arrestations. Les manifestants ont été pris à partie par un cordon policier qui assurait la protection du périmètre litigieux où des engins étaient entrain de travailler. Face à la récurrence de litiges aussi graves qui nuisent gravement à l'unité nationale et la cohésion sociale, la Coordination de l'Opposition insiste auprès des pouvoirs publics pour l'arrêt de tous les travaux et la prise de mesures conservatoires; la libération de tous les détenus et personnes mises sous contrôle policier ou judiciaire ; la recherche d'une solution équitable dans le respect de la loi.
« Cette situation n'est pas sans rappeler d'autres problèmes fonciers, comme ceux de Ferallaou de Dar el Barka. Nous appelons avant tout au calme, ainsi qu'à un règlement juste et global des problèmes fonciers dans la Vallée », souligne la Coordination de l'Opposition composée de CVE, CVE/VR, RFD, Tawassoul, UFP, UNAD. Le Rassemblement National pour la Réforme et le développement (RNRD, acronyme français de Tawassoul) condamne particulièrement la répression et exige l’arrêt immédiat de la terreur et des violences auxquelles sont soumis les villageois. Et d’inviter les autorités locales à prendre leurs responsabilités pour résoudre le problème, en s’abstenant d’exacerber les tensions ou de violer les libertés.
Face à cette condamnation unanime, les autorités ont lâché du lest en libérant neuf détenus et accordant à quatre autres la liberté provisoire avec assignation à résidence. Sept autres sont sous contrôle judiciaire avec obligation de se présenter deux fois par jour au commissariat de Tékane. Mais le maintien en détention de six personnes en la maison d’arrêt de Rosso inquiète les populations de Ngawlé. Aussi le Collectif pour la restauration des terres de Ngawlé n’entend-il pas baisser les armes et projette de poursuivre les actions de protestation contre l’expropriation des terres: « Nous sommes déterminés à ce qu’on nous rétablisse dans nos droits et engageons la lutte dans la capitale, pour impliquer au maximum l’opinion nationale et internationale ».