Opinion: Les Nations Unies de la honte /par Mohamed Chighali

17 November, 2021 - 16:41

Depuis  plus de quarante-huit heures sur les réseaux sociaux, c’est la « fête au village ». Des chiens aboient et des « sans-repères » autoproclamés patriotes dansent au rythme d’une musique de la honte, en arrosant au champagne du mensonge ce qu’ils considèrent comme une victoire : le renvoi du général mauritanien Ely Zaïd ould M’Bareck  de Centrafrique. Officiellement, c’est le silence radio. Mais, si cette information est confirmée, ce problème appelle à des remarques importantes et justifiées. Si ledit général avait été choisi pour coiffer l’opération de stabilisation en Centrafrique (MINUSCA), cela supposait que les Nations Unies savaient  parfaitement bien à qui confiaient-ils cette mission. Il ne pouvait donc avoir été retenu qu’après investigations minutieuses sur son passé et le feu vert du gouvernement de son pays.

Depuis longtemps pourtant, le nom de ce brillant officier figure sur une liste dressée par des  activistes mauritaniens allergiques aux militaires et plus racistes qu’humanitaires. En ce répertoire visant beaucoup plus à nuire au pays qu’à l’aider, Ould Zaïd est accusé de meurtres et de tortures. Cependant et même si le général, comme d’autres officiers maures et harratines, est protégé par une loi d’amnistie en Mauritanie –loi qui n’a cessé de lever de plus en plus hautes vagues depuis sa promulgation – à aucun moment en tout cas les accusations portées contre lui n’ont été prouvées par des témoignages crédibles pouvant peser, même légèrement,  dans la balance des faits qui lui sont reprochés.

 

Pourquoi faire machine arrière?

 

Quoiqu’il en soit, les responsables des Nations-Unies, qui flirtent sans arrêt avec des activistes mauritaniens prônant l’instabilité dans le pays, devaient s’attendre à des réactions négatives de la part de ces malintentionnés qui prolongent leur séjour à l’étranger en vendant leurs principes et en  prostituant leur politique d’accusations qui ne reposent que sur leur propre imagination. En désignant le général  Ely Zaïd pour mettre de l’ordre dans le désordre instauré en Centrafrique par la succession de ses prédécesseurs, l’ONU se serait-elle trompée ? Difficile de le penser, en ce que la prise d’une telle décision ne relève pas d’un seul individu mais d’un collège de hauts cadres, militaires, politiques et juristes, censés savoir ce qu’ils doivent faire et pourquoi ils doivent le faire.

Cette hypothèse exclue, on peut affirmer sans se méprendre que l’ONU a probablement été étouffée par les pressions d’activistes qui ne sont peut-être même pas des mauritaniens et qui n’ont, pour certains d’entre eux,  aucun lien avec les événements douloureux survenus en Mauritanie entre 87 et 91. Mais, circonstances et sujet d’actualité dominants obligent, on est en droit de demander pourquoi les Nations-Unies mettent la marche-arrière aussi tôt. Nous sommes, nous autres Mauritaniens, en droit de le savoir, parce qu’on ne souhaite pas vraiment en tirer la conclusion que c’est parce que quelques chiens pris par une rage politique et une gale contestataire puante ont aboyé sous les applaudissements de quelques activistes apatrides aigris et racistes.

Si c’était le cas, l’ONU considérée comme un symbole de la sagesse, de la crédibilité et de la justice donnerait maintenant l’image d’une organisation secrète militant en faveur d’un désordre diplomatique instauré par des complices de manifestants jouant aux taupes dans ses couloirs. Si donc aussi sa décision est la conséquence de pressions exercées sur elle par quelques « sans-papiers » épaulés par des repris de justice, j’ai peur que l’ONU ne nous révèle que son vrai visage, celui d’une organisation truffée de fonctionnaires «diplomatiquement voyous » avec plus de considération pour des « va-nu-pieds » et autres « sans abris » enragés que pour des responsables d’un de ses pays-membres.

 

« Génocide structurel »

 

Personnellement, je ne suis pas surpris. Je ne pouvais pas m’attendre à plus de la part d’António Guterres, un  secrétaire général incapable de régler le moindre problème par des décisions sages et réfléchies, simplement parce qu’il est, depuis son élection, sous dépendance d’un entourage qui pousse l’organisation vers une déplorable fin politique. La décision de renvoyer dans son pays un général qui allait contribuer positivement à des avancées vers un environnement de sécurité dans un pays déchiré par des violences civiles ne peut être interprétée qu’en revirement d’une organisation qui tâtonne dans ses mesures, depuis quelques années, en se laissant influencer par la diplomatie des « sans abris ».  Le Général Zaïd qui était à la tête de la Mission Multidimensionnelle Intégrée du Commandement de la force onusienne en Centrafrique n’est pas n’importe qui. Promu à son grade il y a peu, Ould M’Bareck avait coordonné l’exercice militaire américain « Flintlock 2020 » en Mauritanie, donnant la preuve qu’il serait stratégiquement et académiquement capable de placer la mission de sécurité onusienne de Centrafrique à un niveau de réussite élevé. Ce n’est pas par le temps qu’il ait été rattrapé – comme le laissent entendre des activistes soi-disant de la société civile mauritanienne – puisqu’à ce jour, son implication dans des actes de torture ou dans ce que des racistes hébergés en France, au Canada, en Belgique,  aux États-Unis ou en Australie dans des « camps de concentration » de réfugiés, appellent génocide n’a pas été ni pénalement  établie ni juridiquement prouvée. C’est par une décision irréfléchie et maladroite des responsables d’une organisation qui ont tout simplement refusé de se placer au-dessus de la mêlée. 

Le général Zaïd possède une solide expérience du maintien de la paix. Et c’est peut-être pourquoi ceux qui cherchent à nuire à l’image de la Mauritanie par des slogans taillés sur des spéculations et des accusations de complaisance n’ont pas pardonné à l’ONU  d’avoir fait un choix – c’était le bon – qui allait servir la paix dans un pays à géopolitique variable à cause de quelques milices du même profil que les bulldogs  aboyant devant le palais de l’organisation à New-York.

Mais, comme on peut malheureusement le constater, ce palais n’est qu’une réplique, fidèle mais grandeur nature, du siège national de l’ONU à Nouakchott, dont la peinture manque beaucoup de blanc. C'est-à-dire une niche de fonctionnaires monocolores, racistes pour la plupart, qui catapultent  leurs activités abjectes en direction du siège à New-York. Malheureusement, et c’est vraiment regrettable, au niveau-même de New-York plus encore qu’en Mauritanie, le mensonge d’un réfugié de couleur noire est plus considéré que la véracité des faits de la diplomatie de son pays. Et par là, nous voici devant une situation qui projette l’organisation dans des antécédents qu’elle aura des difficultés insurmontables à gérer dans l’avenir.

Que le général Zaïd revienne au pays, là n’est pas le problème. Il est compétent et, fière de son parcours militaire, la Mauritanie a besoin de ses compétences. Mais si, comme se le relaient les réseaux sociaux, ce retour est une victoire remportée par des « sans-abris » et des «sans-papiers », j’ai honte pour l’ONU qui prouve, comme je l’ai toujours dit, qu’elle est infiltrée par des fonctionnaires seulement affairés à cautionner le dénigrement de ses États-membres.  Cela n’est non seulement inadmissible diplomatiquement, mais aussi politiquement, en ce que cela risque simplement de mettre le siège lui-même dans une  situation de « génocide structurel », un slogan que les vendeurs d’illusions exportent au-delà de nos frontières.