Le président mauritanien nouvellement élu pour un deuxième mandat vient une fois de plus de choisir de donner la primeur de sa première sortie médiatique à un média étranger en l’occurrence Radio France Internationale dont il était l’invité du journal de six heures trente dans la matinée du 24 juin 2014, c'est-à-dire soixante douze heures après la publication officielle des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 21 juin 2014. C’est quasiment inédit puisque il est très rare de voir un président qui respecte ses institutions démocratiques, dont la presse n’est pas des moindres, se permette de choisir de parler d’abord aux autres. La seule explication à donner à cette attitude récurrente ne peut être que l’une de trois choses : Ou c’est faire preuve d’un véritable mépris de la presse nationale indépendante et officielle. Ou c’est un manque avéré de confiance en la capacité de cette presse de jouer pleinement son rôle. Ou c’est alors un complexe grégaire de certains présidents africains vis-à-vis de la presse occidentale. Imaginez un peu le tollé que cela ferait si François Hollande décide de faire une quelconque sortie au Calame ou donne une interview sur une quelconque question à Al Watanya ou à Al Mourabitoune ? Les organisations syndicales, qui ne manquent aucune occasion de faire feu de tout bois chaque fois que la langue politique fourche, ne doivent pas se taire sur un comportement aussi méprisable.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».