En 2012, lors des « soulèvements », contre les populations touarègues accusés d’être « tous coupables », à Kati, le complexe médical du Dr Elmehdi Ag Hamahady a été saccagé. Depuis, la famille réclame une réparation qui semble se muer en double peine.
Le Dr Elmehdi a ouvert la « Pharmacie du Camp » en 1989 en face du Prytanée militaire. En 2007, il y ajoutera « la policlinique médicale Allama », que le ministre de la santé, à l’inauguration, qualifiera de «joyau qui vient enrichir l’offre de santé performante de notre pays le Mali ». En effet, la polyclinique se composait de 2 blocs opératoires, d’une salle de réanimation, d’un cabinet dentaire, d’un cabinet ophtalmique, d’un cabinet d’endoscopie, d’un cabinet gynéco-obstétrical d’accouchement, d’un laboratoire d’analyses biologiques, de salles d’hospitalisation, de bureaux de consultation, de salles d’attente, de cafeteria, de terrasse de repos des patients hospitalisés et d’ambulances médicalisées…
Le 1er février 2012 vers 9 heures du matin les femmes et les enfants des militaires de Kati s’en sont pris au complexe médical Allama ainsi que le domicile du Dr Elmehdi emportant ce qui peut l’être, détruisant le reste.
« Ce pillage a eu lieu sans qu’aucune mesure ne soit prise par les autorités en plein cœur des pouvoirs et forces publiques pour assurer la protection des personnes et des biens avant, durant et après », déplore la famille.
Depuis, les multiples démarches entamées par la famille, constats d’huissier à l’appui, pour obtenir justice et réparation, sont restées vaines. « Tout se passait comme si nous n’avions pas droit à la protection de l’Etat », disent-ils. En effet, les ruines ont continué à être pillées au vu et au su des autorités. Pire, pendant 9 ans, l’Etat s’est opposé à toute tentative de réhabilitation du « joyau ».
Pour couronner le tout, c’est la banque qui vient réclamer son prêt, et qui met en vente, pour ce faire, les ruines. « C’est comme si on vous condamne à mort et on exige de votre famille de payer la balle pour vous exécuter ».
La famille du Dr Elmehdi déplore le silence assourdissant des autorités. « De 2012 à aujourd’hui, nous n’avons bénéficié d’aucune oreille attentive. Tout le monde reconnaît l’importance et le rôle de la polyclinique à Kati, mais personne n’a été courageux pour lui rendre justice. Il appartient en conséquence aux nouvelles Autorités d’agir pour leur crédibilité auprès des populations et d’apporter la preuve de la sincérité de leur souci de refondation dans l’intérêt supérieur de la Nation. Le temps presse », dit la famille.
La famille attire l’attention sur des lettres ouvertes :
- La banque Marocaine BMCE GROUP (Siège sociale de la banque responsable de la vente aux enchères malgré les engagements de l’Etat à 3 reprises auprès d’elle)
- Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU de Genève et de tous ses bureaux pays pouvant être concernés - Commissions des droits de l’homme National du Mali - Au secrétariat permanent du G5 Sahel – La MINUSMA - A toutes les ONG défendant les droits de l’homme
- Partis signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger (Gouvernement du Mali et Mouvements signataires) – Membres de l’équipe de médiation dont : l’Algérie, la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), l’Union Africaine (UA), les Nation Unies, l’Union Européenne, l’Organisation de la Coopération Islamique, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Tchad.
- Les ressortissants maliens de l’intérieur et de la Diaspora plus particulièrement la Jeunesse Malienne
Elle demande leurs interventions auprès de l’Etat du Mali afin que justice soit faite pour la famille durement éprouvée durant toutes ses années.
A suivre…