Dans une déclaration publiée le 18 décembre, la Convention pour l'Unité et la Pacifique Alternance et Démocratique (CUPAD), ex-Convergence pour une Alternance Pacifique (CAP), qui réunit l’APP de Messaoud ould Boulkheïr, El Wiam de Bodiel ould Houmeïd et Sawab d’Abdessalam ould Horma, a rappelé la nécessité d’un dialogue entre tous les pôles politiques du pays. Cette sortie intervient après un long silence de ce rassemblement mais, aussi et surtout, dans une fiévreuse quête générale de solution à la crise identitaire que connaît le pays. Depuis quelques temps en effet, les revendications communautaires montent crescendo, ce qui risque d’entamer, craignent nombre d’observateurs et acteurs politiques, la cohésion sociale du pays.
L’état des lieux dressé par la CUPAD est sans complaisance. Tous les domaines – politique, économique et social – sont au rouge, sinon à l’orange. Au plan politique, la CUPAD revient sur les avancées du dialogue politique de 2011. Tout en reconnaissant qu’elles restent perfectibles, elle déplore la timidité du pouvoir, dans l’application de leurs recommandations. Elle en veut pour preuves l’absence de consensus et le manque de transparence qui ont marqué l’organisation des élections municipales, législatives et présidentielle de l’année écoulée. Le refus du pouvoir d’appliquer les textes, dont celui portant sur les incompatibilités, a contribué, dit-elle, à biaiser les scrutins.
La situation économique et sociale décrite, par la CUPAD, comme « chaotique », constitue, de son côté, un cocktail explosif dont le pouvoir doit mesurer les dangers. D’où la nécessité d’organiser un dialogue politique, pour évaluer les résultats de celui de 2011 et le perfectionner, grâce à l’apport de tous les pôles politiques (FNDU y compris). Ce dialogue devrait, de l’avis de la CUPAD, notamment refondre la CENI et auditer la très contestée agence d’enrôlement des citoyens…
A y regarder de près, les revendications de la CUPAD ressemblent, à s’y méprendre, à celles de son ancêtre la CAP, et aux déclarations d’un de ses leaders, Messaoud ould Boulkheïr. Ce dernier a toujours prôné, dans son initiative de 2013/2014 et de sa tribune, la même année, la nécessité de tenir un dialogue politique inclusif, pour trouver des solutions aux problèmes du pays… Quoi de neuf donc ?
Le timing de cette publication ouvre un certain nombre d’autres interrogations. Elle intervient au moment où le pouvoir de Mohamed ould Abdel Aziz recherche des solutions à la question de l’unité nationale, exacerbée depuis l’arrestation du président de l’IRA, Biram Dah ould Abeïd. Une arrestation, il faut le signaler, explicitement condamnée par le parlement de l’UE. C’est peut-être pourquoi la question de l’esclavage occupe-t-elle une part si importante, dans le document de la Convention, après celle que lui avait accordée, il y a peu, le « Manifeste des Harratines » qui insistait, lui, après avoir relevé la mauvaise volonté du pouvoir à trouver une solution définitive à cette question, sur la situation peu enviable de « la importante couche sociale du pays ».
La sortie de la CUPAD intervient également peu après la restructuration du FNDU et l’adoption de son nouveau plan d’actions. Ces facteurs conjugués préludent-ils à des soubresauts, dans l’arène politique ? La tenue d’un forum national sur l’unité nationale devrait permettre, aux uns et aux autres, de se retrouver autour d’une question majeure, hautement politique. Occasion, pour le pouvoir et le FNDU, de (re)nouer dialogue ? Comme tout le monde le sait, un des leaders de la CUPAD – le président de l’APP, Messaoud ould Boulkheïr – s’est toujours montré disposé à servir de courroie de transmission, entre le pouvoir et l’opposition. Le FNDU lui permettra-t-il, cette fois, de jouer ce rôle de « facilitateur » ? Rien n’est moins sûr : les rapports, entre le leader emblématique harratine et l’opposant historique Ahmed Ould Daddah, actuel président, pour quatre mois, du FNDU, n’ont jamais été bons. Un FNDU qui doit gérer, au passage, ses humeurs internes, au lendemain de son refus de reconnaître l’élection, à la tête de l’institution de l’opposition démocratique, d’un de ses partis-membres ; Tawassoul, pour ne pas le nommer…