Le procès de Biram Dah Abeïd et de ses compagnons s’est ouvert ce mercredi 24 décembre en début d’après midi devant la Cour Correctionnelle de Rosso. Très détendus et en pleine forme, les dix abolitionnistes, poursuivis pour divers chefs d’accusation, ont comparu dans une salle d’audience bondée de monde. Très exigüe, ladite salle, construite sur financement de l’Union Européenne, (quelle coïncidence!) dans le cadre du projet de renforcement et de réhabilitation du secteur de la justice en Mauritanie, avait du mal à contenir plus de soixante-dix personnes.
A l’extérieur, des militants de IRA, qui ont rallié Rosso, donnaient de la voix sous l’œil vigilant d’un impressionnant dispositif sécuritaire.
Lors de cette première audience, seul Biram Dah Abeïd, qui a plaidé non coupable contre les chefs d’accusation portés contre lui et ses compagnons, a été appelé à la barre. Après avoir répondu aux questions posées par le président de la Cour, Mohamed Mahmoud Ould Teyib, le leader de IRA a été interrogé par le procureur et les avocats de la défense. Dans ses réponses, Biram a rejeté en bloc les accusations portées contre lui et ses compagnons explicitant le discours et la vision de son organisation. Rappelant les objectifs et le discours véhiculé lors de la caravane contre l’esclavage foncier et la spoliation des terres, Biram a récusé les thèses racistes portées à son encontre tout en pourfendant les oulémas du système et les applaudisseurs du pouvoir. Il a pointé du doigt Ould Abdel Aziz et son régime dans leur œuvre de diabolisation et de répression de IRA. Le pool d’avocats de la défense a tenu à mettre à nu les griefs du parquet lors de cette première manche notamment d’«incitation à la violence, trouble à l’ordre public, outrage à l’autorité et appartenance à une organisation non reconnue».
Après deux tours d’horloge, dans une salle suffocante, le président de la Cour suspend et renvoie, à demain jeudi 10 heures, l’audience.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.