Deux anciens Premiers ministres, dont les noms figurent dans la liste des personnes poursuivies dans ce qu’il est convenu d’appeler le «Dossier de la Décennie », toucheront désormais la rente mensuelle que prévoit la loi pour les anciens chefs de gouvernement. Un juste retour des choses quand on sait que, même s’ils sont condamnés plus tard, cela n’enlève en rien leur droit à bénéficier de tels avantages. Les anciens sénateurs, dont Ould Abdel Aziz avait supprimé la chambre à la suite d’une procédure anticonstitutionnelle, toucheront leurs arriérés de salaires suspendus abusivement entre la période où ils votèrent contre les amendements constitutionnels et le referendum. Ce n’est que justice, pourrait-on dire ici aussi. Mais les cas d’injustice et d’arbitraire, dont la dernière décennie se fit le champion, ne s’arrêtent pas là. Les ex-employés de la SONIMEX, de l’ENER et de l’Agence d’accès universel, pour ne citer qu’eux, continuent à battre le pavé pour réclamer justice. Jetés dans la rue, du jour au lendemain, par le seul fait du prince, des centaines de pères de famille se sont retrouvées subitement dans le dénuement. Les entreprises qui les employaient, au moins les deux premières, avaient pourtant suffisamment de ressources pour payer tous leurs droits. Mais personne ne s’en est vraiment préoccupé, nos responsables de l’époque ayant (beaucoup) d’autres chats, plus gras, à fouetter que de s’occuper de pauvres employés. Comment expliquer cette discrimination dans un pays qui se dit islamique où les droits sont censés sacrés ? Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?
Ahmed Ould Cheikh