A en croire nos confrères d’Al Akhbar, dans leur livraison du 15 septembre, le gouvernement mauritanien a octroyé 66 marchés de gré à gré au cours de 8 mois de 2021, pour une enveloppe de 56 milliards d'Ouguiya (anciennes). C’est vachement énorme en si peu de temps. La question que l’on se pose pour un gouvernement qui prêche la bonne gouvernance et la lutte contre la gabegie est de savoir si l’ancien président Ould Abdel Aziz, accusé de détournements de deniers publics et placé en détention préventive depuis juin dernier, avait franchi cette barre. Il est vrai que sous son magistère, des dépassements ont été constatés, mais au rythme où vont les choses, il y a de quoi s’inquiéter parce que c’est énorme mais surtout préoccupant dans la mesure où cette cagnotte est attribuée à travers des marchés de gré à gré, une pratique réputée douteuse parce que permettant aux parties de se sucrer à travers de juteuses commissions. Autre inquiétude, on ne voit pas en tout jusqu’ici des réalisations engagées ou effectuées par des bénéficiaires et les prestataires. Ould Ghazwani est-il au courant de ces attributions ? Si oui, que compte-t-il faire pour arrêter ces hémorragies ? Accusé d’avoir été un grand budgétivore, Ould Abdel Aziz pouvait se targuer d’avoir réalisé des goudrons même s’ils sont le plus souvent de mauvaise qualité, et autres infrastructures.
Ce genre de dépenses doivent être limités au strict minimum parce qu’elles peuvent constituer des occasions de dilapidation de deniers publics, en cette période de rareté des ressources due à la pandémie de la COVID 19. Elles peuvent également jeter le doute sur les milliards mobilisés dans le cadre justement de cette pandémie (plan de riposte et programme de relance). Il est inacceptable, pendant que des couches démunies tirent le diable par la queue et que les prix des produits vitaux flambent presque chaque jour, que des responsables hauts placés se sucrent sur leur dos à travers des marchés de gré à gré, douteux. Il est difficile de croire que ces marchés sont cédés sans retour. La bonne gouvernance ou la lutte contre la gabegie qu’on nous rabâche par le respect des procédures de passation des marchés avec des structures régulières sont en train de prendre un sérieux coup, au moment où les rapports de la Cour des Comptes continuent à dormir dans les tiroirs.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».