Mme Coumba Dada Kane, députée et vice-présidente d’IRA Mauritanie dénonce, dans une déclaration au Calame, « le silence coupable du président de l’Assemblée nationale et des quatre groupes parlementaires qui n’ont pas daigné donner une suite à la requête qu’elle avait formulée pour la révision de la loi d’amnistie de 1993. » Mme Coumba Dada Kane a du mal à comprendre ce mutisme. Des courriers qu’elle avait adressés à la Commission Nationale des droits de l’homme et au commissariat aux droits de l’homme sont restés sans suite. Pour elle, il urge de procéder à une abrogation de la loi 94-23 du 14 juin 1993 portant l'amnistie pleine et entière accordée aux membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er janvier 1989 et le 18 avril 1992. ‘’Tant que cette loi n’est pas abrogée, il ne pourrait y avoir d’unité nationale. De notre côté, nous continuerons à réclamer l’abrogation de cette loi scélérate porteuse de germes de divisions. Nous continuerons à plaider de vive voix le règlement du passif humanitaire et du problème de l’esclavage. Tant que ces deux dossiers épineux ne sont pas réglés de manière judicieuse et consensuelle, nous ne pourrons pas aller de l’avant’’, a-t-elle affirmé. Elle s’élève contre ’’la persistance d’un système ''exclusionniste'' qui ne profite qu’à une poignée de personnes au détriment de l’intérêt global. Les mauritaniens n’ont pas de problème entre eux. Ce sont les pions du système qui dressent les uns contre les autres pour continuer à bénéficier d’avantages’’, selon elle.
Mme Coumba Dada Kane avait lancé, le 21 juin dernier, une campagne de plaidoyer pour l'abrogation de la loi 94-23 du 14 juin 1993 portant l'amnistie. Selon son initiatrice, "la loi d'amnistie n'est plus en conformité avec les conventions que notre pays a signées et ratifiées. La loi d'amnistie prive l'accès de nos concitoyens à la justice, salit l'image de notre pays et celle des forces armées. Elle crée des tensions sociales qui menacent l'unité, la stabilité et la cohésion du pays".
Mme Kane s’interroge sur le bien-fondé de la concertation que les autorités entendent initier avec l’opposition et la société civile.’’ Les journées de concertation ou de dialogue n’ont jamais abouti. Ce sont des rendez-vous manqués de Ould Taya à Ould Abdel Aziz. Seul Feu Sidi Ould Cheikh Abdellahi était animé d’une volonté sincère de régler les problèmes en suspens. Malheureusement, le putsch des généraux a mis fin à cette initiative louable’’.
Mme Kane invite le pouvoir à mettre sur la table les questions de l’heure : esclavage et celui du passif humanitaire. Elle s’étonne de l’acceptation par une bonne partie de la classe politique de la feuille de route du gouvernement qui a fait un trait sur le passif humanitaire. Prônant la mise sur pied d’une commission indépendante d’enquête sur l’esclavage et le passif humanitaire, Mme Kane dit rejoindre et partager la position du président du Parti Mauritanien pour la Défense de l'Environnement (PMDE) Mohamed Dellahi qui a annoncé son retrait de la Coalition de l'Opposition, et son boycott des futures concertations.
Enfin, la députée a condamné la flambée des prix des denrées alimentaires de base et le mutisme des autorités.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».