Un épineux problème vient de connaître son dénouement, une issue heureuse que l'on doit indéniablement à trois parties: l'État mauritanien, les médiateurs de l'IPAR et les populations concernées, celles de Feralla et environs.
Le problème naît dans les années 1980, quand le régime sanguinaire de Taya, sûr de son fait et non content de mettre fin à des vies tout au long de la vallée, s'est illustré dans une autre forme de provocation contre les populations de la Vallée en faisant main basse sur leurs terres. Ainsi, une colonie avancée fut implantée, sous couvert de la coopérative Ibn Khaldoum dans le sinistre dessein d'exproprier les populations locales, propriétaires légitimes de la plaine de Koylal. Subissant un régime de terreur, les populations, la mort dans l'âme, s'accommodèrent de la situation, sans jamais l'accepter.
A l'occasion d'un nouvel aménagement sur ces mêmes terres, les populations exprimèrent leur ras-le-bol et manifestèrent même sur le site de Koylal joignant à cette action une lettre de protestation contre la Banque Mondiale, complice pour ses fonds injectés soutenant le projet Pariis. L'institution de BrettonWoods fut prompte dans sa réponse et manda illico une mission d'experts pour faire la lumière sur les récriminations des paysans de Koylal portées contre elle. Au terme de sa mission, et exploitant les informations tirées de toutes les parties, la Banque Mondiale décida de suspendre son assistance et de ne poursuivre celle-ci qu'avec une médiation qui garantirait les conditions d'une collaboration franche.
Changement d’attitude
L'État mauritanien, sous la direction du Président Mohamed Cheikh Ghazouani semble rompre avec les politiques d'expropriation des régimes passés et veut privilégier les populations concernées en discutant avec elles, en les impliquant dans toutes les prises de décision. Il faut saluer ce changement d'attitude dans la gestion du potentiel foncier. Après WuroElimaanAbuu (DarelBarka), c'est la plaine de Koylal qui est restituée, à son tour, à ses propriétaires légitimes confirmant ainsi la nouvelle option des autorités nationales, décidées de s'éloigner de toute forme d'injustice.
Ainsi, le même gouvernement mauritanien lança un appel d'offre de médiation remporté par IPAR, organisme engagé pour une gouvernance foncière juste, seul clé d'un développement inclusif réel.
La délégation de l'IPAR, conduite par son Directeur exécutif, au terme de son séjour dans la zone et après avoir rencontré toutes les parties concernées par le conflit foncier, est parvenue à faire signer aux différents protagonistes un protocole très inspiré qui restitue les terres de la cuvette de Koylal à leurs propriétaires, qui prévoit l'aménagement de nouvelles parcelles à la coopérative Ibn Khaldoum dont les membres, armés par Taya afin de pousser les populations de la Vallée à s'enfuir, seront donc réinstallés dans leurs domaines propres, situés entre le Debeya de Boubou Aawdi (Bouchama) et Doubel (Mbeydiya). Ces deux points sont, à n'en pas douter, les points saillants d'un protocole paraphé par le préfet représentant le gouvernement dont il faut saluer la responsabilité et les vues constructives.
Finalement, sans envisager des solutions radicales et en privilégiant le dialogue, les populations de Feralla et environs ont apporté une éminente contribution au règlement d'un problème qui a cristallisé beaucoup de passions. Entre mauritaniens, mûs par leur grand patriotisme, toutes les parties ont, dans une atmosphère de franchise, privilégié l'intérêt supérieur du pays et donné ainsi une leçon magistrale aux adeptes des confrontations et solutions violentes.
Puisse le protocole de Feralla inspirer tous les coins du pays où le problème foncier divise et nourrit des tensions inopportunes. Des avancées ont été enregistrées à DarelBarka et à Feralla mais elles doivent aussi décupler la vigilance des populations soumises à une pression foncière liée aux grands enjeux mondiaux se déclinant en termes de lutte contre la faim et la pauvreté, de recherche de nouvelles opportunités foncières obsédant les détenteurs des gros moyens, de colonisation de nouvelles terres pour étendre des empires.
Cherif Ba
Cincinnati, Ohio