Qui pour diriger la future administration nationale de la zakat ? Par Moussa Hormat-Allah, Professeur d’université, Lauréat du Prix Chinguitt

2 September, 2021 - 01:24

Dans une étude adressée au président de la République en date du 8 août 2019, j’ai suggéré l’idée d’une zakat centralisée en Mauritanie. Cette idée a été retenue par le nouveau pouvoir : Elle figure désormais, officiellement, dans le programme du gouvernement. Une loi est en préparation pour sa mise en œuvre effective.

La création d’une institution étatique centralisée pour la collecte et la redistribution de la zakat en Mauritanie est une première dans le monde arabo-musulman. Bien gérée, elle sera un puissant levier pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion, car elle disposera de moyens financiers conséquents.

En effet, le budget de l’Administration nationale de la zakat se chiffrera, probablement, en centaines de milliards d’ouguiyas. Un montant dont la simple évocation donne le tournis. Comment, dès lors, ne pas penser au choix de l’homme qui aura en charge la gestion de ce budget hors normes ?

La personne qui sera choisie pour ce poste devra, à mon avis, répondre à six critères bien précis :

1. La crainte d’Allah et la peur du châtiment divin dans l’Au-delà.

2. Une probité et un désintéressement avéré de la chose matérielle et une rigueur bien établie dans la gestion des deniers publics.

3. Une compétence connue et reconnue et une grande expérience des rouages de l’Etat, du microsomepolitique et du monde des affaires pour savoir là où il met les pieds.

4. Une connaissance pointue des problèmes économiques et sociaux du pays.

5.Un tempérament qui met à l’abri des compromis et des compromissions et qui permet de dire ‘’non’’ quand les limites du droit chemin vont être franchies.

6. Une personnalité consensuelle.

 

J’ai beau passer en revue nombre de personnalités et je n’ai trouvé qu’une seule qui répond à ces six critères. Il s’agit d’Ahmed Ould Moulaye Ahmed. Pourquoi lui ?

* Plusieurs fois ministre, notamment ministre des Finances ; DG de la CDD, de la CNAM, président de la Commission des marchés publics, etc. ;

* Docteur en fiscalité, professeur de Finances publiques ;

* Parfaitement bilingue, l’intéressé a une connaissance approfondie du droit musulman ;

* Il dispose d’un bureau d’études, unanimement apprécié pour la rigueur et la pertinence de son expertise ;

* Homme affable, ouvert, connu pour son humilité, son intégrité morale et son sens élevé de la chose publique. Mais aussi pour son intransigeance quand l’essentiel est en jeu.

Pas de méprise. Il ne s’agit pas ici d’une opération de lobbying pour une personne donnée. Loin s’en faut. Le seul ressort qui sous-tend cette suggestion est l’intérêt supérieur du pays. Avec un tel homme à la barre, l’Administration nationale de la zakat, placée sur les bons rails, sera à l’abri des effets néfastes de la corruption, de la gabegie et autres travers de gestion.

Pour des raisons, souvent, partisanes, clientélistes ou régionalistes, on a procédé, par le passé, des décennies durant, à des nominations, au pied levé, qui ont causé de graves préjudices à l’Etat et ont fragilisé certains secteurs nationaux vitaux. Le temps est venu de rompre avec telles pratiques où la moralité, la compétence et le mérite sont, souvent, relégués au second plan.