Au cours d’une conférence de presse, tenue ce lundi midi, 16 août, à la Case, les coalitions et partis politiques de l’opposition démocratique ont tenu à marquer leur distance par rapport au refus du pouvoir d’organiser un dialogue politique inclusif afin de régler les nombreux problèmes auxquels le pays fait face. Les responsables du parti Tawassoul, APP, CVE, CVE/VR, El Moustaqbel, le RAG, et du Parti pour la défense de l’environnement ont fustigé l’argument avancé par le président pour justifier ce refus : il n’y pas de crise dans le pays qui justifie la tenue de ce dialogue. Comme on le sait, le pouvoir parle plutôt de « concertations » alors que les partis de l’opposition réclament un «dialogue politique national inclusif». Une querelle de sémantique ou de contenu ? Et pour eux, le pays vit la même crise semblable à celle vécue sous Ould Abdel Aziz. Pour Messaoud Ould Boulkheir, la gouvernance de Ould Ghazwani est pire que celle de Ould Abdel Aziz. Pour étayer son accusation, le président d’APP a énuméré la poursuite de la gabegie, avec l’attribution de marchés de complaisance, le tribalisme érigé en mode déc gouvernance et de promotion, l’exclusion, les discriminations dont font l’objet les Haratines, les négro-africains, les forgerons, les Z’nagui, les griots… privés tous de « postes juteux de responsabilité ». Pourquoi certains postes sont exclusivement réservés à une seule communauté, s’est interrogé Ould Boulkheir ? Pour le leader Haratine, l’Etat est devenu une vache à lait pour une catégorie de citoyens, ce qui est inacceptable et injuste tant est que le pouvoir se soucie de l’avenir de la Mauritanie. Ghazwani n’a rien fait pour redresser ces injustices, déplore-t-il. Comment peut-on dans ces conditions dire qu’il n’y a pas de crise et que le dialogue est inopportun, s’est offusqué le président Messaoud Ould Boulkheir avant critiquer le tribalisme et le clientélisme érigés en règle. Si le président décide de changer de gouvernance, nos portes sont ouvertes, dans le cas échéant, nous prenons nos distances, car «pour nous, c’est le dialogue ou rien », conclut-il. Le vice-président de Tawassoul, Saleck Sidi Mahmoud s’est demandé si, après deux ans de règne semblable à celui de la décennie précédente on pouvait en dresser un bilan positif, appelant au passage la tenue d’un véritable dialogue inclusif pour panser les plaies du pays.
Prenant la parole, les autres présidents de partis et coalitions ont abondé dans le même sens. Pour eux, le bilan des deux ans de Ghazwani est un échec et il doit en tirer toutes les conséquences. Si pour Moctar Ould Sidi Maouloud, président du parti Moustaqbel, le régime perpétue et accentue la marginalisation des Haratine et des négro-africains, pour Ould Dellahi, président du parti pour la défense de l’environnement, après deux ans d’échec, Ould Ghazwani doit tout simplement démissionner.
Prenant la parole ensuite, le président de la CVE, Kane Hamidou Baba et de la CVE/VR, Dia Alassane, et des FPC, Samba Thiam ont émis le souhait de voir le dialogue politique, objet de tergiversations au niveau du palais de permettre de reconstituer les bases de la cohabitation et du vivre ensemble en Mauritanie.