Le BEPC a toujours connu un laisser-aller collectif dont les surveillants et les responsables pédagogiques assument la majeure responsabilité. La pagaille, lors de cet examen, du 14 au 16 Juillet passés en découle. Des scènes de triche organisées et supervisées par des professeurs et enseignants ont été filmées dans plusieurs centres d'examen où l'on voyait clairement des surveillants en train de résoudre les sujets au tableau pour le compte de divers candidats... Le ministère de l'Éducation a dû prendre des mesures punitives contre les directeurs des collèges de Kaédi et Vassala et celui du lycée de Timbedra. Des professeurs qui surveillaient ont eux aussi été sanctionnés par le ministère au vu de ces vidéos qui circulent encore sur les réseaux sociaux. Ces mesures ont été bien accueillies par une opinion publique depuis trop longtemps en attente de ce que le BEPC puisse se dérouler avec un minimum de sérieux et de transparence.
On était aussi curieux de connaître les mesures qui seraient prises pour l'organisation du baccalauréat 2021, seul examen national jouissant de crédibilité au niveau national et international, malgré la culture de la triche ancrée dans l’esprit de nos candidats et de leurs tuteurs. Une semaine avant le jour J, le ministère de l'Éducation nationale et de la réforme a envoyé plusieurs circulaires et messages RAC (Réseau Administratif de Communication) dans toutes les wilayas du pays, exhortant les walis, hakems et DREN à assumer leur responsabilité pour la préparation de cet examen afin qu'il puisse avoir lieu dans les meilleures conditions possibles. Les ministres de l'Éducation et de l'Intérieur ont tenu une réunion avec les présidents de jury pour discuter des modalités du nouveau partenariat qui lie les deux secteurs pour la bonne gestion et la réussite de l’épreuve. Une nouvelle décision interdisant l'utilisation du téléphone portable à l'intérieur des centres d'examen a été notifiée aux candidats et au public. Elle sanctionnait d'exclusion immédiate tout candidat ou candidate à qui l’on confisquerait un portable pendant les épreuves. Le ministère a aussi ordonné de remettre les téléphones confisqués à la Direction des examens et concours. Chose qui fut appliquée à la lettre par les responsables des centres d'examen et ne manqua de provoquer des troubles en certains de ceux-ci. À Bab El Veth (Trarza) le président du centre a dû lancer un SOS aux autorités car les gendarmes qui sécurisaient le centre étaient débordés. Une simulation de bagarre avait été provoquée pour susciter un climat favorable à la transmission frauduleuse d’épreuves corrigées vers les candidats. Des renforts ont été envoyés d'urgence.
Haro sur les portables
À Naïm, lors de la dernière épreuve, des parents et amis de candidats se sont rassemblés devant le centre et ont décidé d'en attaquer le président avec des projectiles. Les deux gendarmes qui gardaient l'entrée n'ont pas pu résister. Le président et ses gardes n’ont eu la vie sauve que grâce au passage fortuit du convoi du wali du Trarza. Ce dernier, sa délégation et ses agents de sécurité se sont interposés jusqu'à la fin de l'épreuve. Puis le wali a envoyé le président sous escorte à Boutilimit avant de continuer sa route. Plusieurs autres présidents de centre ont été menacés et ont subi beaucoup de pressions pour rendre les téléphones confisqués. Des candidats ont refusé de remettre le leur, avant que les forces de l'ordre ne les y obligent par la force. Plusieurs hautes personnalités et personnes influentes sont intervenues afin que des portables soient rendus : en vain. Tout celui ou celle pris avec un téléphone a été immédiatement exclu de l'examen. Au premier jour, trois cent téléphones confisqués et leurs possesseurs exclus ; au final, plus de sept cents ! Certains présidents de centre, comme celui d'Arafat 8, ont laissé les candidats fautifs continuer l'examen. « C'est pour moins de bruit et de pressions », expliquait celui-ci, « mais les rapports les concernant seront transmis à la commission technique qui les exclura immédiatement ». Lors de ce bac, les surveillants ont démontré beaucoup plus de rigueur qu'auparavant. « Je ne veux pas être sanctionnée pour négligence », commentait M.M., surveillante au centre « École Ahmed Zerrough ». Le lundi 2 Août, la D.E.C. a appelé par communiqué les tuteurs des candidats pour venir récupérer leur téléphone. L'équipe de la direction chargée de cette restitution a failli être lynchée par une foule de candidats mécontents de l'exclusion. Des agents de police sont intervenus et l’opération a pu se dérouler dans le calme à l'école « Pompiers ». Chaque candidat remettant le reçu établi par le président du centre retrouvait son téléphone sur lequel son numéro d'examen et son nom étaient inscrits. Quelques rares téléphones n'ont pu être récupérés que le lendemain.
La procédure d'anonymat du bac 2021 a débuté le samedi 31 Juillet. Il était réparti sur vingt-deux jurys : douze pour les sciences naturelles (SN), quatre pour les lettres originelles (LO), quatre pour les lettres modernes (LM), un pour les mathématiques (M) et un pour les « techniques mathématiques génie mécanique » (TMGM). La correction a commencé le samedi 7 Août pour les filières LO, LM, M et TMGM, alors que la plus grande filière SN a accusé un retard malgré le fait « qu'un ou deux parmi ses jurys continuent encore le tri et le paquetage », selon une source de la DEC. Les épreuves du BEPC ont, quant à elles, commencé l'anonymat le mardi 3 Août. Sa correction est prévue le 10 du mois courant. Le ministère de l'Éducation veut à tout prix que les résultats du bac et du brevet soient publiés le plus vite possible, afin d'avoir le temps de préparer au mieux la deuxième session du bac, ainsi que le concours des écoles d'excellence, prévus le 31 Août.
Mosy