Plusieurs personnalités issues de différents horizons du courant nationaliste arabe, ont annoncé le lancement prochain, d’une campagne
nationale « pour activer l’article VI de la constitution de la République Islamique de Mauritanie » au terme d’une réunion tenue le dimanche 08 août 2021. Cela se fera à travers « une action populaire visant l’autonomisation de la langue arabe et le développement de nos langues nationales ».
L’article 06 de la constitution mauritanienne de 1991, adoptée sous le régime de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, dans la foulée de la conférence de la Baule venue faire porter la camisole de force du multipartisme aux régimes monolithiques et d’exception de nombreux pays africains, stipule que «l’arabe est la langue officielle. Les langues nationales sont l’arabe, le poulaar, le soninké et le wolof ».
La nouvelle campagne sera menée avec tous les moyens disponibles.L’assemblée constitutive a formé un bureau dirigé par Sow Abou Demba,ancien ministre sous le régime de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya et comprenant une quarantaine de personnalités et « il a été convenu du nom, du logo et de la répartition des tâches », selon un document rendu
public après la rencontre.Pour rappel, au terme de la constitution, l’arabe est l’unique langue officielle de la Mauritanie. Reste à savoir le contenu que les promoteurs de cette association donnent au concept « autonomisation » dans le contexte national.
Par ailleurs, on s’interroge sur l’idée de «développement des langues nationales» dont pour le moment les auteurs de la déclaration relayée par la presse, ne réclament pas l’officialisation, l’enseignement dans les écoles de la République et l’usage dans l’administration.Les porteurs de la nouvelle initiative ont-il consulté et entendent-ils travailler avec les différentes associations engagées dans le combat pour la valorisation de ces mediums depuis une cinquantaine d’années ?
Des interrogations sans réponse pour le moment.Cependant, le profil clivant des personnalités composant le bureau annoncé dimanche n’incite pas à l’optimisme par rapport à une éventuelle collaboration avec les associations négro-africaines.
Pour cela, il suffit de rappeler que Sow Abou Demba défendait en 1996 la thèse « de l’authenticité de l’arabité des peuls ».
Ainsi, pour certains observateurs, cette initiative relève d’un combat controversé qui divise les mauritaniens depuis plusieurs dizaines d’années.
Une démarche aux antipodes des nouveaux enjeux exigeant l’unité autour de l’essentiel : la spirale quotidienne de hausse des prix, le variant Delta de la pandémie du coronavirus (COVID-19) qui fait des ravages, l’exploitation prochaine du gaz et du pétrole à organiser dans des conditions de transparence pour chasser les mauvaises souvenirs du décollage raté de février 2006, le changement climatique, la bombe de la gestion du foncier dans la vallée fleuve…..Des enjeux bien plus importants que «l’exclusion » du Français dont les usagers ne tombent pas du ciel, car il s’agit d’une langue enseignée dans les écoles de la République depuis l’indépendance.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».