Le dimanche soir (1er août), la TVM a organisé un débat autour du bilan des deux ans du président Ghazwani, à la tête du pays. Pour décortiquer ce sujet ambitieux, reconnaîtront d’emblée les débateurs, la première chaine nationale de télévision a mis autour de la table, le ministre des Affaires économiques et des secteurs productifs, Kane Ousmane, le vice-président de l’UPR, Mohamed Yahya Ould Horma, ancien ministre. Face à eux, il y avait le professeur Lô Gourmo, vice-président de l’UFP et Bilal Werzeg, ancien diplomate.
Durant plus d’une heure d’horloge, les débatteurs ont passé en revue la décrispation de l’arène politique, des chantiers lancés par le gouvernement (les mines, les perspectives du gaz et du pétrole, l’élevage, la réforme en vue de du secteur agricole, l’école, les impacts de la pandémie de la covid 19 sur l’économie mauritanienne et le panier de la ménagère...). Si du côté de la majorité, le ministre et le vice-président de l’UPR ont qualifié le bilan de « bon » voire de « très bon », eu égard aux nombreux défis. Pour étayer leur affirmation, ils ont étalé, chiffres à l’appui les réalisations et progrès obtenus dans divers domaines durant les deux années écoulées et se sont félicités du climat apaisé au plan politique et sécuritaire, annonçant dans la foulée de belles perspectives pour le pays, notamment avec l’hydrogène vert. Du côté de l’opposition, Lô Gourmo dira que le bilan ressemble plutôt à la peau de panthère, avec des taches noires et des taches blanches, à quoi rétorquera Ould Horma qu’il y a plus de tâches blanches que de noires. L’avocat dénoncera la persistance de certaines pratiques, comme les inégalités, l’incurie de l’administration, le refus de changement, les problèmes d’eau à l’intérieur du pays et d’électricité jusqu’à Nouakchott. Il a de ce fait incité le pouvoir à oser opérer de réels changements dans l’administration. En somme, pour cet avocat, le bilan est mitigé.
Tous ont reconnu qu’en dépit de la pandémie de la COVID qui a ébranlé le monde entier, la Mauritanie ne s’est pas effondrée, mieux, elle a tenu bon et des actes significatifs ont été posés, en premier lieu, l’apaisement politique, après dix ans de tension entre le pouvoir et l’opposition. Ils ont tout de même souhaité que les actes posés puissent se poursuivre, s’approfondir et s’élargir. Et pour y arriver, les deux parties ont appelé à la tenue rapide des concertations ou dialogue, l’essentiel, ce n’est les vocables, dira Lô Gourmo, mais le contenu qu’on y met. Il s’est dit pressé de voir la feuille de route concoctée par la majorité et l’opposition mise en œuvre pour enfin mettre fin aux inégalités criantes et des pratiques de l’ancien régime. Il faut estime Gourmo, rompre avec ces pratiques. Ould Werzeg, tout en notant une évolution positive au cours des deux années, en particulier dans la diplomatie mauritanienne, pense que pour aller de l’avant, il faut impérativement élargir, dans la perspective des concertations, la palette à d’autres personnalités et partis politiques, mais aussi poser de véritables actes dans le domaine social, en particulier dans l’agriculture et l’élevage...
Ceux qui ont suivi le débat n’ont pas manqué d’apprécier son contenu, sa tenue et son ambiance décontractée au plateau du journaliste Yedaly Fall ; les intervenants qui maitrisent bien leur sujet se rendaient de belles amabilités, loin des critiques et empoignades. Une atmosphère saluée et encouragée par le Pr. Lô Gourmo.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».