Les autorités nationales ont interdit la prière de Id Al Adha sur toute l’étendue du territoire national, cela en accord avec l’association des Oulémas de Mauritanie. Ce faisant, notre pays aura été presque la seule exception dans les pays musulmans à priver les mauritaniens de cette Sunna. Le but était disait-on de prévenir l’expansion de la COVID 19. Une posture incompréhensible dans la mesure où les autres pays musulmans où celle-ci fait des ravages, comme le Sénégal et la Tunisie n’ont pas recouru à cette mesure pour lutter contre cette pandémie mondiale. Incompréhensible encore parce qu’à la veille de la fête, on a permis à de nombreux citoyens de prendre d’assaut les grands marchés pour faire des achats et les gares routières pour voyager à l’intérieur ou hors du pays. Sans aucun respect de mesures barrières. En outre, il est aisé de constater un relâchement total dans l’administration et les structures de santé. Le port du masque et le lavage des mains ont presque disparu de nos structures de santé, de notre administration et des centres commerciaux. Il s’y ajoute que les fidèles continuent à prier dans les mosquées sans distanciation sociale et sans masque. Autre source d’inquiétude, des rassemblements à l’occasion des cérémonies de mariage très nombreux pendant l’été. Tous ces faits et gestes se passent en plein jour. Enfin, on peut ajouter que les forces de l’ordre censés faire respecter le couvre-feu ont la main molle devant les citoyens qui l’enfreignent. Dans les différents quartiers, les citoyens continuent à se promener et à circuler à bord des voitures, comme si de rien n’était. Bon nombre de citoyens continuent à considérer que la COVID est une pure invention. Dès lors, empêcher les citoyens d’accomplir la prière d’El Id paraît quelque peu maladroit. La caution de l’association des oulémas de Mauritanie laisse perplexe et bon nombre de mauritaniens sont restés dubitatifs. Cette situation intervient au moment où les autorités lancent une campagne de sensibilisation contre la COVID dont les chiffres de contaminations ne cessent d’inquiéter chaque jour quand ils tombent dans l’après-midi.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».